BILAN 2023 : quitte ou double
L’année 2023 a été passablement chaotique sur le plan intérieur, avec une laborieuse réforme des retraites, péniblement finalisée en mars par le recours au 49.3, puis des émeutes, vandalismes et pillages en juillet suite à une bavure policière au cours d’un contrôle routier, et enfin en décembre, un processus désastreux des négociations sur la 29ème loi sur l’immigration depuis 1980.
L’année 2023 a été définitivement dramatique sur le plan international avec la poursuite d’une guerre hautement meurtrière en Ukraine après l’invasion russe du 24 février 2022 (300.000 morts militaires dont près de 3/4 russes et le triple en blessés selon certaines estimations) et destructrice avec près de 30.000 victimes civiles en Ukraine en 22 mois, sans compter les milliers d’enfants « déplacés » et plus de 700 Mds de dommages estimés à mi 2023 ! En fin d’année la guerre à Gaza fait à ce jour plus de 20.000 morts civils dont près de la moitié d’enfants, après le massacre terroriste de 1400 victimes, principalement civiles, le 7 octobre 2023, perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël. Ceci sans compter les autres conflits et guerres civiles dans un monde en voie de déstabilisation.
La France prévoit une croissance d’environ 1% en 2023, à comparer avec une légère récession en Allemagne après deux trimestres négatifs. Le chômage est resté presque stable avec 7.2%. Malgré des ventes d’armes record, des ventes et surtout un carnet de commandes exceptionnels pour Airbus et une forte reprise des exportations d’électricité au dernier trimestre (après la remise en état des réacteurs en révision durant l’année 2022), le déficit commercial continue de se détériorer à près de 150 Mds. Ce solde négatif est principalement dû à l’augmentation des prix de l’énergie pour 80 Mds, des matières premières et produits agricoles. Le déficit de la balance des paiements sera quant à lui limitée à quelques 40 milliards grâce aux entrées de capitaux dus aux investissements étrangers, et à la reprise du tourisme qui aura représenté un solde positif de 20 milliards durant l’année. Restent 3000 Mds de dette souveraine qu’il faut commencer à réduire, malgré un déficit prévu au budget 2024 de 4.4%. Sans compter les 12 Mds d’économies à trouver pour le budget 2025 selon le Ministère des Finances.
Sur le plan politique la gestation de la réforme des retraites aboutissant à un recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans a pris l’allure d’un chemin de croix après l’obstination de l’exécutif de refuser de se concentrer sur la seule durée de cotisation à 43 annuités ou plus si nécessaire (en prolongement de la réforme Touraine de 2013). Cette approche aurait été plus équitable et plus acceptable par les syndicats et notamment par la CFDT, même si les partis politiques d’opposition, et principalement de LFI, auraient alors mis en œuvre les mêmes pratiques d’obstruction parlementaire.
Plus généralement le manque de majorité absolue des partis soutenant l’exécutif et la culture politique en France rétive aux coalitions ou même au consensus, comme dans certains pays voisins, et le recours à 29 reprises du 49.3 par la première ministre, n’a pas empêché une certaine efficacité législative avec le passage de plus de 50 textes de lois adoptés à l’Assemblée.
Au niveau de l’Europe, les 27 ont fait preuve d’une unité exceptionnelle et miraculeuse, principalement à cause de la menace sur le front Est et de la guerre en Ukraine. Ainsi l’ensemble des pays de l’Union se réarme et le taux de 2 % de dépenses de défense, est désormais l’objectif de chacun, soit un volume d’engagements potentiel pour l’ensemble de quelques 300 Mds (alors même que la Pologne se dirige progressivement vers un taux de 4 % de son PIB). Il convient de rappeler qu’à l’époque de la guerre froide les budgets européens de la défense représentaient 3 % du PIB.
L’Allemagne est en proie à des difficultés croissantes partiellement liées à une coalition peu homogène, mais surtout à un modèle économique remis en cause : perte du gaz russe pour son énergie bon marché, abandon du nucléaire, difficulté du secteur automobile « made in Germany » face à l’électrique et à la concurrence chinoise, baisse des exportations en Chine, remise en cause de la chimie énergivore et polluante, investissements dans les infrastructures et dans la défense très en retard. Ces enjeux remettent en cause le supposé « couple » franco-allemand et les équilibres politiques dans l’Union;
Enfin, l’Union européenne est en train d’élaborer progressivement une politique commune de l’immigration, basée sur la sélectivité, l’intégration, et le contrôle plus efficace de l’immigration non désirée et illégale. Les élections européennes de 2024 restent néanmoins sous la menace des partis de droite plus ou moins extrêmes ou populistes et les partis centristes sont à la peine.
Aux États-Unis la croissance sera faible en 2023 soit probablement moins de 1 %, après deux années ébouriffantes, malgré la politique d’aide massive à l’investissement et à la production sur le sol américain initiée en 2022. Le chômage a reculé à 3,8 % et l’inflation est en train de se stabiliser à 3%. Malgré ces bons résultats économiques et une légère majorité au Sénat, les démocrates sont en butte à l’opposition de la Chambre des représentants sur le sujet de l’immigration en provenance du Mexique et sous la menace quasi sectaire des partisans de Trump en vue des élections de fin 2024. Sauf à espérer une prise de conscience des républicains raisonnables, le risque d’une déstabilisation mondiale n’est pas exclu, à mettre en perspective avec un budget de la défense US de 768 Mds soit 3% de son PIB.
La Chine connaît un ralentissement notable de sa croissance, à quand même +5%, avec une baisse des exportations , une hausse des coûts d’importation de l’énergie, un chômage des jeunes en forte hausse et les déboires du secteur immobilier dramatiquement arrêté et en manque de financements. Ceci freine leur développement international et notamment l’extension des routes de la soie et les financements des projets en Afrique (les prêts et investissements en Afrique représentent à ce jour et en cumul plus de 100 Mds de dollars dont un quart dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures de transports et de l’eau). Cette politique sera poursuivie, bien que de façon plus mesurée, afin de d’assurer l’approvisionnement de ses ressources stratégiques et la conquête des sièges dans les organismes internationaux. Ces difficultés qui ont fait suite notamment aux erreurs de la politique de zéro covid en 2022 et qui contrastent avec les ambitions géopolitiques de la Chine, ont amené le pouvoir à entretenir la flamme nationaliste dans la « mer dite de Chine » et notamment vis à vis de Taïwan autour duquel les bruits de bottes, les incursions maritimes et aériennes font peser les risques d’une confrontation, avec à l’appui un budget de la défense de plus de 225 Mds de dollars soit 2% de son PIB.
En Inde, avec 1.4 Mds, la population, très jeune, dépasse désormais celle de la Chine, bien plus âgée. La montée en puissance de l’économie avec une croissance de plus de 6% est illustrée par ses succès spatiaux et ses dépenses militaires (dont les Rafales et sous-marins « made in France »).
En Russie, dans une économie de guerre, fait face à une inflation de plus de 5 %, à un taux directeur de 12 % et à la chute du rouble qui a perdu la moitié de sa valeur depuis mi 2021 , le pouvoir est obligée de faire appel à l’aide militaire des « grandes démocraties » que sont l’Iran, la Corée du nord et la Chine, dans sa poursuite du fantasme pour reconstituer l’ancien glacis soviétique, lequel s’étendait de Vladivostok jusqu’à Berlin Est. Ainsi, la Russie prévoit d’augmenter son budget de défense (ou d’attaque) de 70 %, à 115 Mds en 2024, soit 7% de son PIB. Dans ce contexte, l’ « exécutif », au sens étymologique, n’hésite pas à enfermer ses opposants et à éliminer physiquement ses vassaux, oligarques et généraux, mercenaires Wagner, un tant soit peu contestataires. Le pouvoir a par ailleurs soigneusement purgé les candidats potentiellement dangereux à l’élection présidentielle de 2024, et seul le niveau de participation aura quelque sens pour décrypter les tendances.
Plus largement et au niveau mondial, les dictatures, l’illibéralisme et le populisme, parfois teintés de libertarianisme à la sauce Milei comme en Argentine, prospèrent, du Venezuela, Nicaragua et Salvador, à la Russie, Syrie, Iran, Birmanie, Chine, Corée du nord, Afghanistan et autres, et font preuve de leurs capacités de nuisance à l’international. Il faut encore une fois rappeler que 70% de la population mondiale vit sous des régimes non démocratiques. Les seules bonnes nouvelles en 2023 viennent de Pologne avec l’avènement de Tusk et d’Italie avec la révélation de la fibre européenne et la modération pragmatique de Meloni, en attendant l’entrée en vigueur de la taxe mondiale sur les sociétés de 15% à partir du 1er janvier 2024.
Alors qu’attendre de 2024 et de la suite ? L’économie mondial, européenne et française dépendra largement de la géopolitique et des élections européennes et surtout américaines. Il faut, par ailleurs, espérer la poursuite des investissements et des politiques dans la transition énergétique et la réduction des émissions de CO2. La décision de la France d’étendre de 6 à 14 réacteurs supplémentaires son parc nucléaire et le renforcement du « club nucléaire européen » malgré les réticences de l’Allemagne, vont dans le bon sens. Le pli semble pris avec la mention de la « transition » sinon de la fin des énergies fossiles à la COP28. Enfin, alors que la population mondiale a atteint en 2023 le chiffre de 8 Mds d’individus, les démographes annoncent un plateau et même une décroissance à partir de 2050 en dépit du niveau actuel du taux de fécondité africain amené à décliner.
Le 6 janvier 2024
BILAN 2022 : la tectonique du chaos
A la suite de 2021, année de rebond après le long tunnel du Covid, 2022 a débuté par une hausse des prix des matières et du fret, pour sombrer dans le chaos le 24 février avec le début de « l’opération spéciale » en Ukraine. Annoncée par Poutine dans un salmigondis victimaire à prétention historico-culturelle, cachant difficilement une ambition impériale et coloniale, sous forme d’un récit auto-bricolé à base de pan-slavisme et soviétisme, cette invasion du pays devait déclencher une tectonique mortifère en Europe et dans le monde, mettant fin à la reprise amorcée en 2021.
La France avait en effet connu en 2021 une croissance exceptionnelle de 7% (contre 5,2% dans l’UE) portant son PIB à 2500 Mds € et permettant une reprise historique du travail avec un chômage réduit à 7,4% norme BIT soit 2,2M. Cette performance a certes été facilitée par des aides massives aux entreprises, mais elle reflétait, en l’amplifiant, une tendance générale en Europe de retour à meilleure fortune.
En 2022 la guerre en Ukraine a cassé cette dynamique ne permettant plus qu’une croissance réduite à près de 3% Mds€ (contre 3,2% dans l’UE) sans affecter le chômage maintenu à 7% soit 2M de sans emploi. En revanche, la balance commerciale a continué de se dégrader à près de 120 Mds, malgré une légère amélioration au dernier trimestre. Enfin la hausse des prix entamée dès 2021 pour cause de reprise dans un contexte logistique mis à mal par le Covid, a été fortement accélérée par la guerre avec 6,2% contre plus de 11% dans l’UE. Ce différentiel positif pour la France est dû en partie aux aides aux particuliers, notamment sur les énergies.
L’année 2022 a aussi été marquée par les élections en avril et juin, reconduisant le Président sans lui donner la majorité absolue aux législatives avec un bond du RN obtenant 89 sièges, devant LFI avec 72 sièges et LR avec 61 sièges, face aux 245 représentants de Ensemble! (regroupant 170 pour Renaissance ex LRM , 46 pour le Modem, 26 pour Horizons ainsi que 3 radicaux). Le débat électoral, limité par la guerre en Ukraine, avait été dominé par le pouvoir d’achat, porté principalement par les extrêmes, LFI et RN. Cette perte de majorité absolue n’a pas empêché l’adoption d’un nombre appréciables de lois (chômage, facilitation des énergies non fossiles, budget 2023 et financement de la sécurité sociale, ces deux dernières au prix d’un usage à répétition du 49.3).
Le défi immédiat à venir reste la réforme des retraites qui bute sur le report de l’âge de départ (ex âge pivot de Edouard PHILIPPE) à 65 ou 64 ans. Il est difficile de comprendre une telle obstination alors que, comme nous l’avons écrit dans un article précédent, les années de cotisation (43 ans à venir) devraient constituer le seul paramètre. Subsistent néanmoins un certain nombre de thématiques à aborder et à résoudre telles que la pénibilité, la qualité de travail par rapport à certaines méthodes de management, l’emploi des séniors, les pensions minimales, les carrières incomplètes, les régimes spéciaux. Enfin on peut estimer que la communication sur la réforme a été hésitante et maladroite, laissant croire à d’autre finalités possibles que la seule recherche de l’équilibre du régime. Quelle que soit l’ampleur de la réforme, il n’en reste pas moins que notre système est particulièrement généreux pour les retraités puisqu’il représente 14% du PIB contre 12% dans l’UE, sans compter que le revenu moyen des retraités est légèrement supérieur à celui des salariés.
Outre les retraites qui représentent un enjeu de près de 350 Mds, le pays doit faire face à divers défis sur la santé et l’éducation, dont les salariés sont notoirement sous-payés par rapport à leurs homologues européen, et sur la justice dont les effectifs sont insuffisants par rapport au stock d’affaires en suspens et par rapport aux autres pays de l’Union. A cela s’ajoute l’adaptation au changement climatique (soit 500 Mds pour la seule rénovation des bâtiments publics), la mise à niveau des centrales anciennes pour 50 Mds et la construction de 6 ou 8 réacteurs à plus de 6 Mds l’unité, la remise à niveau des infrastructures de transport et de mobilité (évaluée entre 50 et 85 Mds entre 2023 et 2027), l’ajustement de l’investissement militaire face à la situation géopolitique, soit 413 Mds sur la période 2024 à 2030. Le tout face à un mur de dettes actuel de près de 3.000 Mds.
L’Europe a connu un renforcement certain et surprenant de sa solidarité depuis la concertation sur les vaccins, en passant par le plan d’aide de 750 Mds, l’adoption de l’impôt minimal de 15% étendu à l’OCDE, la pression sur la Pologne et la Hongrie pour leur faire respecter les règles de droit communes. Ainsi paradoxalement et notamment par rapport aux spéculations de la Russie de Poutine, le consensus sur les réponses à la guerre, tant sur le plan des sanctions, des décisions sur le pétrole et le gaz, et sur le soutien militaire, a constitué une heureuse surprise pour une Union de 27 pays (avec une population de 447 M et un PIB de 17.000 Mds€), marquant sa cohésion face à l’allié américain (pop 333 M pib 22.000 Mds$), dont l’ascendant est favorisé par la guerre, tant au sein le de l’OCDE et plus encore de l’OTAN. Cette cohésion sera prochainement renforcée par l’entrée dans l’OTAN de la Suède et de la Finlande, deux pays de l’Union, malgré la résistance de la Turquie dont le rôle ambigu dans le conflit ne cesse d’irriter l’UE.
Dans cet ensemble la Pologne, la République Tchèque et les trois pays baltes jouent une partition particulièrement volontariste, forts de leur expérience historique de la mainmise russe, notamment pendant la parenthèse soviétique de 1945 à 1990, mais pas seulement. Il est intéressant de constater que les républiques asiatiques membres de la CEI marquent leur indépendance par un rôle de simple figuration quand ce n’est pas un certain rapprochement avec la Chine.
Notre voisin allemand subit une remise en cause dramatique de son modèle économique reposant sur une énergie bon marché basée sur le gaz russe et sur des exportations en Chine en recul. Cette stratégie, défendue maladroitement pendant des années par la chancelière Merkel et ayant permis le développement de la chimie (jusqu’à pousser BAYER à absorber MONSANTO !) et de l’industrie automobile, a été d’autant plus fragilisée par l’abandon du nucléaire. Face au contexte le pays a mis sur la table 200 Mds pour soutenir son industrie sans avertir ses partenaires. De même l’Allemagne a décidé d’investir dans ses armées 100 Mds pour essayer de porter le budget militaire de 1,4 à 2% du PIB et mettre en état de marche des équipements partiellement inutilisables et des effectifs peu adaptés aux enjeux actuels. Des différences d’appréciation et de capacité d’action au sein du « couple » franco-allemand ont ainsi pu apparaître, mais devront forcément être réduites si l’on veut que ce « moteur » qui représente plus d’un tiers du PIB européen puisse amener l’Union à un niveau de puissance, de souveraineté et d’indépendance au niveau mondial.
Les USA ont surmonté la crise du Covid avec une croissance de plus de 3% et un chômage réduit à moins de 3,5%, mais au prix d’une inflation de plus de 8%. Les élections de mid-term ont permis de renforcer la majorité présidentielle du Sénat avec 2 sièges alors qu’à la Chambre les républicains n’ont que 4 sièges d’avance, au grand dam des espérances et prétentions de Trump. Biden s’est donné les moyens d’une politique écologiste mais aussi protectionniste (Inflation Reduction Act) avec un plan de 1200 Mds$ venant après un total de 1900 Mds$ de plans de relance antérieurs. Dans le contexte de guerre en Europe et dans la perspective de la rivalité économique et stratégique avec la Chine, le budget de la défense a été porté à 850 Mds permettant une aide massive à l’Ukraine. La dette souveraine du pays de 110% du PIB reste une préoccupation d’autant plus qu’elle est couplée avec une dette privée colossale de même niveau.
La Russie (pop 144 M et pib 1700 Mds$, soit à peine plus que l’Espagne) paie son aventure en Ukraine au prix fort avec un recul de son PIB de 12%, la destruction d’une partie importante de son potentiel militaire, déjà limité par un budget de 70 Mds$ (à comparer avec les quelques 250 Mds€ de l’UE sur la base minimale de 1,5% de PIB, devant être rapidement porté à 2% soit 340 Mds€, auquel il faut ajouter les dépenses du Royaume Uni soit 50 Mds – pour rappel cet effort s’élevait à 3% durant la guerre froide). A l’issue du conflit le pays devra faire face à ses démons et à sa gouvernance, mais plus matériellement à ses responsabilités sur les réparations estimées en septembre 2022 à plus de 750 Mds$, aux sanctions supplémentaires à venir, et enfin aux sanctions pénales pour crimes de guerre. Enfin le pays devra faire le deuil de ses capacités d’exportations d’énergies en Europe, partiellement compensées par l’Inde et la Chine. Ce régime kleptocratique, pratiquant empoisonnements et assassinats de ses opposants, sans compter l’épidémie récente de suicides parmi ses « oligarques », est souvent qualifié de pouvoir mafieux. Sauf à se remettre fondamentalement en cause, on voit mal comment ce pays et nos démocraties occidentales et « décadentes », pourraient après la guerre renouer des relations économiques et diplomatiques normalisées.
La Chine a connu une année difficile engluée dans une obstination idéologique à maintenir une politique de Covid Zéro qui a fait reculer sa croissance de 6% à 3% mettant aussi en question le régime qui a dû abandonner sa doxa, du jour au lendemain, en décembre. Le pays fait face aussi à un problème démographique avec un premier recul de sa population bientôt devancée par celle de l’Inde, mais surtout par le vieillissement de celle-ci, avec un coût des retraites, une absence de système de sécurité sociale et un coût de l’éducation, difficilement supportables par la population sans croissance solide. La faillite du secteur immobilier, bénéficiant de la collecte de l’épargne, met à mal aussi bien les classes moyennes que les équilibres macro-économiques. Sur le plan international les routes de la soie connaissent un succès mitigé et les prêts accordés aux pays en développement de la « chaîne de perles » pourraient se révéler toxiques. Enfin Taïwan (l’Ukraine de la Chine) reste un mistigri éternel pour le nationalisme chinois, mais constitue également un énorme risque régional par rapport à l’enjeu.
Alors que peut-on dire ou espérer pour 2023 ? On peut d’abord constater que les démocraties résistent bien face aux difficultés, alors que 70% de la population mondiale vit sous des régimes autoritaires, sinon dictatoriaux : les occidentaux certes vieillissent mais ne sombrent pas selon les pronostics de Xi et Poutine. La guerre en Ukraine devrait favoriser une accélération de l’abandon des énergies fossiles et elle rebat les cartes stratégiques, tactiques et militaires. Le monde change et il est difficile d’en prévoir les nouveaux contours. L’Ukraine démontre les avantages de l’imagination, de la souplesse et de l’adaptation aux événements, aussi dramatiques soient-ils. Espérons être aussi efficaces sur le climat, sur un développement respectant la planète et sur la réduction des inégalités entre nations comme au sein de celles-ci. En paraphrasant Obama, il est possible d’affirmer : yes we can ! … à condition de le vouloir.
Janvier 2023
BILAN 2021 : année charnière
Après deux ans sous la coupe de la pandémie qui a fait 133.000 victimes (et plus de 10 M estimés dans le monde), le pays a réagi et, malgré quelques erreurs d’appréciation et de gestion (masques) au début de 2019, a réussi à juguler la crise sanitaire avec près de 80% de la population vaccinée (y compris la part des 11M d’enfants de moins de 12 ans) et malgré un carré de 5M de gaulois irréductibles.
Alors que le pays affichait une chute du PIB de -8% en 2019 (certains anticipaient alors une baisse jusqu’à -11%), nous enregistrons en 2020 une croissance record de 7% (et un « déficit » limité à -1% sur 2020-2021, contre -1.9 en UK, -2.1 en Allemagne, -2.5 en Italie, et -5.8 en Espagne à cause de l’effondrement du tourisme) avec une inflation limitée à 3.2% (contre 5.3% en Europe) et un chômage en forte baisse de 12.6% sur l’année, avec 7.4 M sans emploi à fin 2021. Dans ce contexte le CAC culmine à 7000 points et le pays compte désormais 25 licornes valorisées à plus de 1 Md.
Cependant la balance commerciale reste un problème majeur avec un déficit de près de 85 Mds malgré des ventes et commandes record en aéronautique (Airbus et Rafale) sur un total de 500 Mds d’exportations. La désindustrialisation continue du pays est pointée du doigt alors que le déficit dû aux énergies culmine à 43 Mds et celui des échanges avec la Chine à 33 Mds. Cependant, grâce aux services, le déficit de la balance des paiements courants est limité à moins de 20 Mds (soit -0.9% du PIB contre -1.9% en 2020) en dépit d’une chute des recettes du tourisme de près de 30 Mds pour chacun des deux exercices 2020 et 2021.
Quant au déficit budgétaire qui est estimé à 220 Mds soit 10% du PIB en dépassement de 47 Mds par rapport aux prévisions, il est évident que le soutien massif à l’économie pour faire pièce à la pandémie, les actions en faveur du pouvoir d’achat pour alléger la charge des hausses de l’énergie, ainsi que les coups de pouce pré-électoraux inévitables, ont contribué à ce déficit. En conséquence la dette ne pourra que progresser à 113% du PIB.
Chez nos voisins, Mario DRAGHI a fait la démonstration de son efficacité économique alliée à un sens et une agilité politique inhabituelle chez un expert monétaire. Sa présence à la tête du gouvernement a facilité en outre la signature en novembre du Traité du Quirinal pour compléter (sinon faire équilibre à) la relation franco allemande, l’ensemble des trois pays, fondateurs du traité de Rome, représentant une population de 210 M d’habitants sur les 450 M de l’Union.
En Allemagne la coalition SDP, FDP, Verts succédant à 16 années de règne MERKEL permet d’envisager plus d’imagination et d’initiatives. La réputation de Mutti était fondée sur une stabilité économique et une balance commerciale positive de plus de 7% du PIB (contre un plafond admis par le traité de Maastricht de 4%). Mais ces succès reposaient sur les accords Hartz de 2003 sur le travail sous la chancellerie socialiste de SCHRODER. De même l’Allemagne a bénéficié de la mise en place de l’euro en 2002 qui lui a fourni une monnaie « panier », à la place d’un DM qui aurait été largement réévalué et donc moins concurrentiel au vu des excédents récurrents de sa balance commerciale de plus de 200 Mds.
Malheureusement MERKEL a commis quatre erreurs capitales : la gestion de la crise grecque en 2008 qui a déstabilisé l’union et fait douter de sa capacité à résoudre une crise majeure (et qui a peut-être conforté l’idée du Brexit au Royaume-Uni), l’arrêt du nucléaire en 2011 après Fukushima au profit du charbon et du gaz russe, l’ouverture des frontières à l’immigration en 2015 qui a soulevé la bronca des pays de l’est (et le réveil partout en Europe de tendances national-populistes sur fond d’identités nationales), et surtout la réalisation de Nordstream2, qui stimule la propension russe au chantage sur le gaz et l’Ukraine. Elle n’a pu résister enfin à vouloir imposer à l’UE un traité commercial sur les investissements avec la Chine pour défendre l’industrie allemande, lequel traité n’a pas été entériné, et ne le sera probablement jamais, par les pays membres de l’Union. Ce parcours sujet à critiques a permis au The Economist de titrer en couverture lors de son départ, « The mess Merkel leaves behind ».
Plus loin de Bruxelles et de l’Europe, la Russie forte de son gaz et de son surinvestissement militaire fait montre de ses muscles aux frontières de l’Ukraine, après avoir gobé sans coup férir la Crimée en 2014 et après avoir perpétré un certain nombre d’empoisonnement tentés ou réussis de ses opposants (sans compter les crashes d’avions commerciaux) , révélant les succès et failles du FSB et autres GRU. Il convient cependant de rappeler que son PIB se situe entre celui de l’Espagne et de l’Italie pour une population de 145 M. Sur le plan militaire, si les dépenses militaires de la Russie sont estimées à 60 Mds$ (soit entre 80 et 100 Mds à parité de pouvoir d’achat, PPA), le potentiel militaire de L’UE sur la base d’un effort de 2% du PIB (selon la norme OTAN) serait de 300 Mds€ et seule l’absence de volonté politique empêche l’UE de s’ériger en puissance globale, face à la Russie (qui n’en est pas une, du fait de son insignifiance économique) comme vis-à-vis des USA et de la Chine. Dans ce contexte de stratégie mondiale, la Russie s’efforce de retrouver son ancien rang de l’époque communiste et son dialogue avec les USA, avec comme principal outil. une réelle capacité de nuisance sur les franges de l’Europe, comme en Syrie et en Afrique, en menant des opérations à bas coût et en profitant des erreurs occidentales.
De l’autre côté de l’Atlantique, après l’échec de TRUMP à la présidentielle et la tentative de prise du Capitole par ses militants le 6 janvier, Joe BIDEN a commencé par réussir le début de son mandat, avant de devoir faire face à la bronca suite au départ précipité des troupes américaines d’Afghanistan, à la hausse de l’énergie et des matières premières, à la disparition de 5 M de salariés du monde du travail et à l’inflation de 7% qui en résulte et qui met en péril le pouvoir d’achat des classes moyennes. Le pays continue d’être agité par ses démons de déclassement interne (avec un Trump en embuscade pour 2024 ?) et externe (montée en puissance de la Chine et la menace sur Taiwan). Aussi BIDEN ne peut que poursuivre la politique prioritaire de « containment » vis-à-vis de la Chine. La Russie vient perturber cet agenda par ses menace sur l’Ukraine et ses incursions autour de la Baltique (jusqu’à amener la Finlande, la Suède et même la Suisse à remettre en question leur neutralité historique).
A l’est, Pékin maintient sa politique d’expansion économique, malgré le Covid et malgré une acceptation désormais plus contestée de ses routes de la soie. Le pays a connu une croissance de près de 8%, mais s’attend à une forte baisse de celle-ci en 2022. L’autorisation du deuxième puis troisième enfant n’a pas permis de relever la natalité du pays, et la démographie et le vieillissement de sa population constituent un handicap majeur pour l’avenir. Il n’en reste pas moins qu’un pays de 1.3 Mds d’habitants avec un PIB de 18.5 Mds d’euros, une marine de guerre dont le tonnage s’accroit chaque année de celui de la marine française, une mer de Chine en voie de « privatisation », ne peuvent qu’inquiéter les USA, alors même qu’ils étaient revenus depuis leurs échecs au Moyen Orient à une politique de relatif isolationnisme.
L’avenir ? Il est plein de défis existentiels et de dangers.
En France les élections présidentielles en avril vont mettre en lice un parti d’extrême gauche et deux d’extrême droite représentant plus de 40% des intentions de vote. Le Brexit a amputé l’Union de 65 M de citoyens et a potentiellement crée un cheval de Troie à sa frontière. Les fondamentaux de l’UE sont contestés par la Pologne et la Hongrie. Le national-populisme de tous bords progresse dans le monde : Nicaragua, Venezuela, Brésil, Birmanie, Philippines. Inde, Pakistan etc.. sans compter bien-entendu Turquie, Russie et Chine.
A plus long terme mais avec des risques sans commune mesure, le climat, la pollution chimique des pesticides et des plastiques, la biodiversité, vont constituer des enjeux vitaux pour nos enfants et nos descendants, et dont nos contemporains et néanmoins mortels se désintéressent, en privilégiant à court terme l’emprise sur les économies et les pouvoirs. Si donc le modèle chinois, tant vanté par Pékin, ne peut être accepté comme objectif idéal, il reste à réinventer un nouveau capitalisme, comme évoqué dans le dernier livre de Patrick ARTUS (« La dernière chance du capitalisme » Ed. Odile Jacob), pour limiter la « casse » sociétale et environnementale.
L’avenir dépendra des initiatives et des audaces consensuelles de populations éduquées et informées, qui sauront prendre pacifiquement en main leur destin commun. Le pire n’est jamais une fatalité et les réseaux sociaux (même boostés « d’intelligence artificielle ») ne remplaceront jamais les cerveaux.
15 février 2022
BILAN 2020 : hello Covid, good bye Britain
L’année a débuté sur un fond de grèves (SNCF, avocats, danseurs de l’Opéra, etc..) s’opposant à la réforme des retraites, pourtant annoncée dans le programme présidentiel de 2017, et acceptée dans son principe par près de 70% des français.
Mais, dès février, c’est le Covid identifié et annoncé avec retard à Wuhan en décembre qui fait la une, et après les ravages de l’épidémie de février en Italie et en Espagne en février, provoque en France le premier confinement le 15 mars, qui sera progressivement levé à partir du 15 mai, sur un bilan provisoire de 36.000 décès.
Après des élections municipales en deux temps en mars et fin juin qui propulsent les Verts à la tête de plusieurs métropoles (Lyon, Marseille, Grenoble, Bordeaux et Tours notamment), Jean CASTEX remplace Edouard PHILIPPE comme PM. Ce dernier quitte Matignon avec une un niveau de popularité élevé et un bilan plutôt positif, malgré une erreur tactique sur la limitation de vitesse à 80 km/h (mal vendue et étincelle de départ des gilets jaunes) et surtout une obstination dogmatique à vouloir imposer l’âge pivot de départ en retraite (à 62 ans plus 2, au lieu de maintenir le principe de la durée de cotisation, éventuellement modulable en fonction de la démographie ou de la conjoncture).
Fin octobre, la reprise de l’épidémie avec une deuxième vague oblige le pays à un second confinement dont le bilan à la fin de l’année s’élève à près de 65.000 décès sur 1.8 M dans le monde. Pour mémoire la grippe annuelle provoque en moyenne 10.000 décès et la grippe asiatique de 1958 a fait 30.000 victimes. Cela ne manquera pas de susciter une controverse sur le choix de privilégier la santé de la population (la plus âgée) au dépens du social et de l’économie.
L’économie du pays accusera de ce fait un recul du PIB de 9% , un déficit de 250 Mds soit 11 à 12% du PIB au lieu de 3%, une dette en hausse de plus de 20 points à 120% tenant compte du déficit et des premières incidences du plan de relance de 100 Mds.
Sur le plan culturel, la fermeture des 2000 cinémas, des 3000 librairies indépendantes, des 300 théâtres, des festivals et spectacles vivants, sans compter 80.000 restaurants, 35.000 cafés-bistrots et 3000 dancings, crée un traumatisme collectif et les dégâts économiques et sociaux induits qui en découlent.
Enfin le pays a subi de nombreux attentats (à l’ancienne adresse de Charlie Hebdo, du professeur Samuel PATY à Conflans, à la basilique de Nice) ce qui a conforté la volonté de l’Etat de rappeler la primauté de la laïcité et la mise au ban des séparatismes qu’ils soient politiques (extrémismes de tous bords), culturels ou religieux.
Dans ce contexte, la refonte d’un texte sur la sécurité avec son article 24 sur la protection de l’identité des forces de l’ordre a provoqué des critiques et manifestations démesurées, alors que la solution eût été d’interdire toute publication, dans la presse comme sur les réseaux dits sociaux, d’images non floutées de manifestants comme de policiers, charge à la seule justice d’obtenir les images d’origine en cas de poursuite.
Sur le plan international l’Union Européenne « a fait le job ». Sur le BREXIT, entre la sortie officielle au 1er février du Royaume « encore » Uni (l’Ecosse, l’Irlande du Nord et même le Pays de Galles pourraient être tentés par la sécession pour rester dans le périmètre de l’Union), et le 24 décembre avec la signature d’un accord.
Mais aussi sur le plan sanitaire, avec la négociation d’une garantie d’approvisionnement des vaccins et d’un prix uniforme de ceux-ci pour ses 27 membres.
En économie l’Union a enfin réussi à s’imposer budgétairement en obtenant un accord d’emprunt communautaire de près de 800 Mds pour soutenir un plan de relance pluriannuel afin de corriger les effets de l’épidémie et investir sur des projets d’avenir.
Malgré des comparaisons critiquables et les rodomontades de certains pays comme la Suède, (mais aussi la Suisse et la Russie avec 180.000 décès réévalués par sa ministre de la santé même, sur la base de la surmortalité constatée), la deuxième vague de Covid a malheureusement mis les pays européens à niveau si l’on tient compte du ratio des victimes par rapport à la population et plus encore de la densité de la population de chacun.
Le triste record des USA dans le domaine, avec 350.000 décès, illustre une gestion ubuesque d’un président qui a passé son mandat à découdre l’œuvre de son prédécesseur, à faire des annonces non suivies d’effets, à diviser son pays dans l’espoir de se faire reconduire, pour aboutir à un échec dénié et désormais critiqué par son parti même. La victoire de Joe BIDEN et de sa colistière Kamala HARRIS, ne fait que illustrer un « bon sens » tant et vainement invoqué par son adversaire, mais qui a cependant et heureusement préservé le pays du chaos annoncé.
Dans le reste du monde, les tendances national-populistes n’ont également pas manqué, en Inde, au Brésil, Biélorussie, Russie, Hongrie, Pologne, Israël, Turquie et les conflits ont prospéré au Yémen, en Arménie-Azerbaïdjan, en Ethiopie et en Afrique sahélienne.
Alors que la Russie, nain économique, s’efforce de se construire à peu de frais une stature internationale en intervenant
plus ou moins discrètement, ici et là (Syrie, Libye, Caucase, Afrique), la Chine poursuit sa croissance et son assise géopolitique, malgré certains cailloux dans sa chaussure (Hong Kong et ouïgours du Xinjiang) et les ratés de son action au titre du soft power sur la route de la soie, comme en Afrique et même en Europe, où son image s’est dégradée. Cependant elle a enregistré récemment deux succès notables, en novembre avec la signature à 15 de l’accord Pacifique dit RCEP (incluant le Japon et l’Australie !) et celle d’un accord de principe avec l’Union Européenne le 30 décembre, sur l’insistance appuyée de l’Allemagne de MERKEL.
Pour 2021 on peut espérer un retour à une normalité sanitaire avec les vaccins anti-covid, une prise de conscience sur le risque climatique (après les incendies de janvier en Australie, puis en Sibérie, Brésil et Californie) et surtout son coût futur et ses conséquences humaines.
On espère également un développement de l’Union Européenne, soutenu par un plan massif d’investissements, pour maintenir et renforcer sa place face aux géants américain et chinois, et la suppression de la règle de l’unanimité dans les décisions de l’Union.
On peut cependant craindre une crise financière due à la masse monétaire en circulation, gonflée par les bilans des banques centrales et par les dettes souveraines et privées qui plafonnent, l’inflation des valorisation d’actifs financiers et immobiliers (voir le niveau indécent des bourses mondiales malgré le trou de mars dû au Covid), la recherche effrénée et suicidaire pour le capitalisme de rendements de 15%, soit un ROI en moins de 7 ans (qui privilégient le court terme aux dépens de l’innovation et des investissements structurels à long terme) alors que l’inflation et les taux d’intérêt sont inférieurs à 1%.
Subsistent enfin la progression accélérée des inégalités qui alimentent les chaudrons sociaux explosifs dans les pays et entre les pays, ainsi que les migrations, qu’elles soient économiques ou climatiques.
Le 31 décembre 2020
BILAN 2019 : du jaune au rouge, en attendant le vert
L’année avait commencé en pleine agitation jaune, sans objectifs, sans chefs, et sans limites dans les violences. Après les premiers excès les pouvoirs publics ont su s’organiser et réduire quelque peu le chaos (au prix de quelques dérapages). Il est à noter que les protestataires s’en sont systématiquement pris à l’Etat et jamais aux entreprises et au niveau de leurs salaires pourtant sources de leur pouvoir d’achat. Par la suite le mouvement s’est progressivement épuisé par lui-même et face à la lassitude de l’opinion. Les concessions de l’Etat pour calmer la contestation représentent néanmoins entre 10 et 15 Mds, avec des effets augmentés sur les années suivantes, mettant en difficulté les équilibres budgétaires face à la limite à 3% des déficits admis.
Malgré ce tohu-bohu, l’économie a continué à progresser (boostée il est vrai, par un double effet du CICE en cash et en déductions) permettant près de 300.000 créations d’emplois, une croissance de 1.3% avec une inflation de 1.4% (incluant la hausse des carburants et du prix des cigarettes). La Bourse termine l’année avec un CAC à 6000 points alors qu’une distribution record de 60 Mds (de dividendes pour 49 Mds et de rachats d’actions pour 11 Mds) a eu lieu en 2019. La hausse attendue du pouvoir d’achat reflète cette embellie, accentuée par les baisses d’impôts.
Reste quand même le fait que la balance commerciale continue d’être déficitaire de plus de 60 Mds et que la dette a dépassé en décembre le seuil symbolique de 100% du PIB, soit plus de 2400 Mds.
Dans un tel contexte, les difficultés des services d’urgences dans les hôpitaux (qui, au fil du temps, ont dû se substituer à la carence des généralistes) et les réactions des enseignants dont les rémunérations sont notoirement parmi les plus basses d’Europe, ont anticipé la contestation soulevée en fin d’année par le lancement de la réforme nécessaire des retraites sur un principe d’universalité à points. Mais la réforme est apparue , mal « vendue » pendant les 2 années de négociations du Commissaire du Gouvernement (lui-même mis en difficulté par des activités parallèles non déclarées), mal finalisée techniquement et sans simulateur digne de foi, et minée par l’introduction inutile à ce stade de l’âge pivot. Combattu aveuglément par la CGT en perte de vitesse défendant son bastion à la SNCF et RATP, le projet de réforme a plongé le pays en décembre dans le chaos des grèves, affectant principalement la région parisienne et les déplacements pendant les fêtes de fin d’année, mais dont le coût peut représenter jusqu’à 0.1 pont de PIB.
L’Europe, après les élections de mai aux résultats plus dispersés que d’habitude, n’a pas été épargnée par les soubresauts politiques et économiques, à commencer par l’interminable feuilleton du BREXIT. L’Allemagne, diminuée par une fin de règne contesté de Angela MERKEL, par l’érosion de son parti, la CDU, (mais aussi par son industrie automobile en difficulté et ses exportations en baisse) n’a pas pu imposer son « spitz »candidat à la présidence de la Commission. Madame VON DER LEYEN y a bénéficié de l’appui français et, avec Christine LAGARDE nommée à la tête de BCE, a permis à deux femmes de prendre les rênes de l’UE. La Commission a mis l’accent de son action future sur les conséquences du changement climatique et doit négocier son budget, ainsi que la PAC, de plus en plus contestée par des critiques fondées.
Les populismes continuent de s’exacerber en Europe (notamment en Pologne et Hongrie et malgré les bonnes nouvelles venues entretemps d’Italie), comme dans le Monde (Brésil, Venezuela, USA), alors que les soulèvements populaires contre les inégalités (Algérie, Chili, Irak, Iran) ou pour l’autonomie (Hong Kong) se multiplient.
La polarisation des ambitions concurrentes entre la Chine et les USA, sur le plan commercial principalement et pour le moment, met à mal les économies occidentales et favorise paradoxalement l’autonomie et la montée en puissance de la technologie chinoise et sa montée en gamme, à l’inverse des prétentions de Trump (cf. la bataille de la 5G).
Le président américain, obsédé par son image de génie méconnu de la négociation, par sa boîte à tweets et par le renouvellement de son mandat largement dépendant des évangélistes, mène une politique internationale de bric et de broc, et pleine de contradictions (OTAN, Corée du Nord, Israël, Iran).
Enfin sur le plan mondial, la pollution, les pesticides, la disparition des espèces, et surtout le changement climatique, mettent la planète en danger à coups de catastrophes dites « naturelles » (inondations et incendies –Portugal, Californie, Amazonie, Sibérie, Australie) sans que les politiques, concernés par le seul court terme, ne réagissent avec détermination pendant qu’il est, peut-être, encore temps.
7 janvier 2020
Bilans de 2004 à 2018
Bilan 2018 : les vents contraires
L’année avait pourtant bien débuté avec la poursuite des réformes engagées en 2017 et ayant soulevé peu d’objections et encore moins de contestations. Mais, dès le mois de mai le recul sur le glyphosate suivi de la limitation souhaitable de la vitesse sur route à 80 km/h, marquent le début des ennuis de l’exécutif. Pendant les vacances l’affaire Benalla mobilise les médias et paralyse l’action du gouvernement. Les petites phrases inopportunes gênent la communication et l’information didactique sur les priorités, alors que les mesures sur la CSG des retraités et les modifications à la marge sur l’APL apparaissent comme des handicaps à l’avancement des réformes.
En novembre une taxation accrue des carburants dans le cadre des mesures de protection de l’environnement mettent le feu aux poudres alors même que le pétrole atteint des sommets à plus de 80 $ le baril (revenu depuis à 45$) sous la pression de l’Arabie saoudite appuyée pour la circonstance par la Russie et alors même que TRUMP met l’Iran au banc des accusés et demande la fermeture de ses frontières et l’arrêt de ses exportations de pétrole.
Les blocages des ronds-points par les « gilets jaunes » provoquent des perturbations majeures, des actes de violence graves avec 10 morts à ce jour et la détresse des commerces dont la perte de CA est évaluée à plus de 2 Mds. Les revendications des jaunes sont multiples et contradictoires : baisses des impôts et taxes, hausse des prestations, retraites et salaires, rétablissement de l’ISF, introduction du RIC (référendum d’initiative citoyenne), sans compter la référence complotiste au Pacte de Marrakech. Les revendications portant sur les inégalités, certes facialement réelles, sont cependant les plus basses de l’OCDE (coefficient GINI) par l’effet des transferts sociaux en France. Ces désordres mettent en évidence la puissance et la nuisance des réseaux sociaux, après les dégâts déjà dénoncés sur le plan international à l’encontre de Facebook (voir les auditions du jeune ZUCKERBERG devant certains parlements).
Pour désamorcer la crise, le gouvernement annonce des mesures de flexibilité sur le prix « flottant » des carburants et certaines compensations de leur hausse, la suppression de celles prévues en avril, la hausse du salaire minimum sans toucher au SMIC mais par l’intermédiaire d’une revalorisation du RSA, l’exonération des charges sur les heures supplémentaires. Toutes ces mesures représentent à ce jour une charge pour le budget de plus de 10 Mds qui devra être compensée par des économies si l’on veut éviter de revenir à un déficit de 3.2% au lieu des 2.8% arrêtés. Et ce d’autant plus que l’INSEE vient de réviser ses prévisions de croissance pour 2019 de 1.7% à 1.5% soit un impact de quelques 20 Mds sur le budget.
Il reste cependant étonnant qu’aucune voix ne s’élève pour réclamer la remise en cause de la transformation avec cumul en 2019 du CICE (soit un coût de 20 Mds) en remboursement de charges, alors que sur le plan de la trésorerie les entreprises bénéficieront en 2019 du paiement du crédit d’impôt ET de la baisse des charges (ce qui correspondrait pour les particuliers au cumul sur l’année du prélèvement automatique avec le paiement de l’impôt sur l’exercice précédent).
En Europe , l’Italie s’offre en mars une coalition carpe-lapin, avec la Ligue de SALVINI et Cinque Stelle de DI MAIO autour de CONTE, un Président du Conseil tampon « destiné à l’exportation », (ce qui équivaut à une alliance de MELANCHON avec LE PEN). En Angleterre Mme MAY se débat avec un BREXIT impossible, écartelée entre son parti, les Unionistes d’Irlande du nord et la Commission, et personne ne peut en prédire l’issue. En Allemagne, Angela MERKEL vit une fin de règne bridée et doit faire face à la perte d’influence de la CDU/CSU ainsi qu’à une économie en perte de vitesse, au risque de ses exportations de voitures de luxe, harcelée par un Donald TRUMP incontrôlable, chevauchant son déficit commercial comme dans un rodéo-spectacle.
Ce dernier perd un conseiller, ambassadeur ou secrétaire (ministre) par semaine (en fait 45 depuis son intronisation), le dernier en date étant celui à la défense, le général James MATTIS, le seul « adulte » et dernier à avoir la tête sur les épaules et une vision stratégique internationale. Empêtré dans les affaires (femmes, élections, gendre, Russie), TRUMP a perdu la majorité à la Chambre des Représentants dans les élections mid-term de novembre, et devra se résigner à moins de gesticulations en interne. Sur le plan international il reste plus libre, mais au risque du n’importe quoi. Son flirt avec la Corée du Nord se révèle inutilement platonique, son support à MBS en Arabie est mis à mal par sa guerre interminable au Yémen et par l’affaire KHASHOGGI.
La Turquie fait ami-ami avec les russes et les iraniens, la Russie fait ce qu’elle veut un Ukraine comme en Syrie, et la Chine progresse inexorablement comme le vrai challenger mondial des USA.
Enfin la planète continue sa course vers un destin improbable, pollué sur terre, dans les mers et dans l’air, se réchauffant allègrement sans personne à y redire, perdant ses insectes, ses espèces et ses forêts primaires, alors que la NASA met le cap sur Mars. C’est Dr Folamour, version hard !
Décembre 2018
Bilan 2017 : le naufrage des partis
Après des primaires qui se révèlent calamiteuses et le « suicide » politique de François FILLON, pourtant arrivé en tête de celles-ci, le premier tour d’avril laisse sur le devant de la scène les seuls Emmanuel MACRON avec 24% des voix exprimées et Marine LE PEN avec 21%. MM FILLON et MELANCHON n’arrivent qu’en troisième et quatrième position avec 20% et les socialistes sombrent à 6%, à peine plus que DUPONT AIGNAN avec près de 5%. Le second tour donne la majorité à MACRON avec 66%, après un second « suicide » en direct de Mme LE PEN lors d’un face à face catastrophique.
La décomposition des grands partis historiques s’achève ainsi. Après que François MITERRAND ait « flingué » les communistes dès 1981, que François HOLLANDE ait fait de même avec les socialistes entre 2012 et 2016 et que François FILLON ait achevé le processus avec les LR en 2017, le cycle est complet. Ne restent donc qu’un mouvement centriste (LRM) flanqué à ses extrêmes de LFI à gauche et du FN/RN à droite (avec l’appui versatile du petit parti DLF de M. DUPONT AIGNAN). Quant au LR, son dirigeant (peu présent sur la scène politique, sociale et économique par ses propositions) est ballotté entre la tentation droitière (notamment axée sur l’immigration) et un centre-droit indispensable à l’avènement éventuel de son parti.
En économie, les réformes se sont succédées à un rythme soutenu : l’emploi, suppression de l’ISF, le passage annoncé du CICE en baisse de charges, la réforme de la SNCF, la refonte de la formation professionnelle représentant 35 Mds, la réduction de l’IS, dans l’éducation le réforme du bac et de PARCOURSUP. La croissance progresse ainsi de 1.9% avec une progression des investissement des entreprises de 4.3% et de 5.1% pour les ménages, alors que la consommation de ceux-ci est restée raisonnable à +1.3%. Le déficit public est réduit à -2.9%.
Néanmoins, avec 99% du PIB, la dette publique reste accrochée à près de 100%. Cependant la comparaison éternelle avec l’Allemagne avec 68% de son PIB de 2900 Mds, reste partiellement artificielle. En effet malgré un différentiel relatif de 31 points soit un delta de 45%, la différence en valeur absolue avec 2300 Mds en France contre 2000 Mds en Allemagne, est réduite à 17%.
Or ces dettes sont la conséquence des politiques budgétaires des deux pays et donc des dépenses publiques, certes restées élevées en France, mais aussi des croissances respectives. Celles-ci reposent sur la consommation, les investissement et la balance commerciale. Avec plus de 300 Mds d’excédant en Allemagne contre un déficit de plus de 50 Mds en France, le delta de près de 400 Mds représente près de 17% du PIB français. Certes l’excédent allemand résulte du dynamisme des entreprises moyennes (Mittelstand) mais aussi de l’avantage pour ce pays de l’euro dont l’effet « panier de devises » diminue pour le pays l’effet de change qui serait autrement plus négatif si ses échanges s’effectuaient en DM, lequel serait alors largement réévalué. Notons aussi que l’UE interdit en principe des excédents commerciaux de plus de 7% alors que ceux de l’Allemagne se situent à plus de 10%.
Sur le plan international la dette française en pourcentage du PIB se situe en dessous des USA avec 107%, de l’Italie avec 130% et surtout du Japon avec 250%. Il faut enfin rappeler que les dettes effectives par pays comprennent les dettes publiques mais aussi privées : sur ce plan les américains et britanniques sont champions.
A l’international on constate un raidissement des conservatismes/populismes. Après le référendum coup de poker raté de David CAMERON pour se maintenir au pouvoir et l’annonce du BREXIT, ce sont les USA qui basculent avec l’élection de Donal TRUMP qui choisit de diriger le pays par tweets compulsifs, alors que la Turquie verse dans un dérive pénaliste après une tentative de coup d’état en 2016 imputée aux gulénistes. En Europe la Pologne continue de se radicaliser dans le conservatisme suivie de près par la Hongrie et leurs partenaires du Visegrad.
Le climat reste une préoccupation planétaire négligée par les politiques malgré l’Accord de Paris de décembre 2015. TRUMP décide même de s’en retirer en juin dans le cadre de ses promesses électorales aux états charbonniers et sous la pression du lobby pétroler et des extracteurs d’hydrocarbures de schiste.
Janvier 2018
Bilan 2016 : année terrible
Après une année catastrophique en 2015 du fait du terrorisme, nous avons continué à voir en 2016 les ravages d’une idéologie nihiliste et millénariste avec la tuerie de Nice, les attaques en Allemagne et plus généralement les attentats dans les pays musulmans même. Les reculs successifs de Daesh en Syrie/Irak continueront hélas à pousser ce mouvement à exporter le terrorisme en Europe, considéré comme le ventre mou du monde occidental, jusqu’à son éradication.
Sur le plan économique la France, qui bénéficie toujours de taux bas, d’un pétrole certes remonté de 40 à 55$, et d’un dollar se rapprochant de la parité, finira l’année avec une croissance de 1.2% contre 1% en 2015 (malgré un trou d’air au second trimestre), avec plus 180.000 emplois créés sur l’année (loin cependant du million d’emplois promis par le MEDEF en contrepartie des 40 Mds du CICE). Malgré des contrats record en aéronautique (AIRBUS) et en armements (notamment 84 Rafales, 12 sous-marins à l’Australie etc. …), le déficit de la balance commerciale ne sera pas inférieur à 50 Mds et probablement en hausse de plus de 10% par rapport à 2015.
Sur le plan micro-économique, les trésoreries des entreprises ont continué de se redresser. Après +33% en 2015, les sociétés du CAC40 ont connu une hausse des bénéfices de 20% soit près de 78 Mds avec 46 Mds de dividendes distribués, Ceci a participé à une hausse de l’indice à 4862 contre 4600 à fin 2015, 4400 points à fin 2014, 4100 à fin 2013. Outre la bonne performance d’entreprises stars telles que AIRBUS et DASSAULT (84 Rafales enfin commandés). Les immatriculations de voitures ont dépassé à nouveau le cap des 2M et le marché de l’immobilier a enregistré 850.000 transactions en même temps qu’une augmentation de 10% des mises en chantier, pour la troisième année consécutive pour atteindre 380.000 unités, loin cependant de l’objectif des 500.000 logement neufs par an, atteints seulement entre 2005 et 2007.
Malgré ces éléments d’embellie économique le Président HOLLANDE a préféré ne pas se représenter pour un nouveau mandat, face à une cote de popularité en berne, la désunion de la gauche et l’usure du pouvoir. Son quinquennat a été plombé dès le début par l’indexation suicidaire de la mesure de sa réussite sur le chômage (qui dépend de facteurs multiples et pour une bonne part externes à la fonction), son manque d’initiative sur l’Europe, son refus d’une réforme fiscale simplificatrice, un premier gouvernement AYRAULT sans colonne vertébrale et couplé à un coup de masse fiscale durant les deux premières années (sans oublier les multiples gaffes, couacs, confidences journalistiques et déchéance de nationalité funeste).
On mettra à son crédit une réforme des retraites intelligente en 2013, la mise en place du CICE malgré un rendement social faible, le non cumul des mandats, le compte personnel d’activité ,la priorité donnée à l’éducation, notamment primaire, et à la sécurité par l’augmentation des effectifs de police, une action extérieure efficace basée sur un accroissement du budget de la défense à 1.8% du PIB (pour un objectif de 2%), enfin un essai de transformation de la législation du travail (sans arriver à alléger un code pléthorique et abscons).
Sur le plan politique le pays voit son socle bipartite traditionnel évoluer vers une étoile à 5 branches entre, extrême droite (FN), droite (LR), centre « gauche/droite » (MACRON), social-démocratie (PS) et extrême gauche (MELANCHON), chacune pouvant se prévaloir d’un score potentiel et hautement fluctuant de 15 à 25.
L’Europe quant à elle s’enlise dans un immobilisme et une impuissance qui risque de lui être fatale sur le plan géopolitique face aux deux blocs concurrents USA et Chine, sans compter les acteurs secondaires (Russie, Japon) et les continents (difficilement) émergents (Amérique du Sud, Afrique). Le BREXIT, le jeu dangereux des pays de l’Est (notamment Pologne, Hongrie), l’échec de RENZI en Italie et les écueils de MERKEL en Allemagne (immigration, AFD, Deutsche Bank, VW), face à l’impuissance politico-économique de la France, font de l’UE une « non puissance » fragile et à la pérennité non garantie.
La Russie qui reste « plombée » par le bas prix du pétrole et une économie désespérément peu diversifiée, essaie de retrouver une ambition internationale et militaire en Syrie et au Moyen Orient, pour faire oublier son injuste humiliation passée, mais également son nanisme économique (PIB équivalent à celui de l’Italie) et son impuissance de fait en Ukraine après l’annexion de la Crimée.
Les USA se sont choisi un président populiste, twitteur frénétique, agressif et vulgaire, prêt à tout remettre en cause (Medicare, COP 21, ALENA, TPP, Iran, Cuba, etc…). Annonçant un cabinet ploutocrate de plus de 30 Mds de capitalisation, il s’apprête à mettre en place un protectionnisme périlleux couplé à un libéralisme effréné, en contradiction avec les aspirations de sa base électorale, blanche, appauvrie, peu éduquée et réclamant une réduction des inégalités et la mise au pas d’un élitisme oligarchique.
L’année 2017 s’annonce donc comme hautement à risques, avec des échéances électorales en France et en Allemagne, la prise de pouvoir aux USA d’un président imprévisible et sensiblement incohérent, sans compter à nos portes une Turquie assise sur un baril de poudre, le tout dans un contexte d’Europe faible.
Le 10 janvier 2017
Bilan 2015 : ou le mythe douloureusement déconstruit de la « fin de l’histoire »
En France, l’année a débuté et s’est terminé par des massacres, le 7 janvier (Charlie et le hyper-casher) et le 13 novembre avec 130 morts. Mais des évènements similaires se sont produits en Irak, à Tunis, à Bamako, en Egypte, au Liban, au Nigéria et dans tout le monde musulman, mais aussi en Californie. Le Moyen Orient est devenu une cocotte infernale où s’affrontent sunnites et chiites, turcs et kurdes, musulmans, et chrétiens ou zoroastriens, juifs israéliens et chrétiens ou musulmans palestiniens, pouvoirs militaro- civils et frères-musulmans, talibans ou salafistes, et on serait bien en peine d’y trouver quelque raison, et encore moins quelque raison d’espérer.
L’économie nationale a retrouvé pour un temps, comme l’ensemble du monde occidental, quelques couleurs, dans un contexte de reprise molle grâce à des taux quasi nuls, une chute des cours du pétrole à moins de 40$, une baisse de l’euro par rapport au dollar désormais sous la barre des 1.10, et un sursaut modéré des investissements. Le pays aura une croissance de 1% ou plus (contre 0.5 en 2014 en attendant les 1.5 prévus pour 2016). Malgré cela la balance commerciale reste désespéramment négative (-45 Mds sur 12 mois à fin octobre, contre un solde négatif de -60 Mds en 2014), et surtout le chômage plafonne à un niveau record depuis 1997, soit 10.2%.
Sur le plan micro-économique, les trésoreries des entreprises se sont redressées. Les sociétés du CAC40 ont connu une hausse des bénéfices de 33% et ont distribué des dividendes record de 56 Mds (proche du sommet de 2007 de 57 Mds) ce qui a justifié une hausse de l’indice à 4600 (avec des pics à 5000 durant l’année) contre 4400 points à fin 2014, 4100 à fin 2013 et une moyenne de 3800 entre 2007 et 2012. Outre la bonne performance d’entreprises stars telles que AIRBUS et DASSAULT (84 Rafales enfin commandés), il faut noter une reprise des ventes des véhicules automobiles, alors que le BTP reste atone et qu’AREVA frôle le désastre.
En politique, après les sénatoriales de septembre 2014, les départementales (ex-cantonales) de mars puis les régionales de décembre ont confirmé le recul largement prévisible du PS, qui réussit à conserver malgré tout 34 départements puis 5 régions. La coalition LR-UDI-MODEM profite tout naturellement de cette bascule avec 67 départements puis 7 régions en métropole (dont deux ravies au FN grâce au retrait des listes de gauche). Mais ce qui déton(n)e, c’est surtout la spectaculaire ascension des électeurs du FN dans les premiers tours (dédouanés sinon réconfortés par les dérives et les excès de la frange « décomplexée » de la droite classique, et revenus au bercail, après avoir été siphonnés en 2007 par l’UMP). Le FN obtient ainsi respectivement 25% puis 30%, passant en tête des suffrages derrière l’abstention, mais sans aucun « essai transformé » aux seconds tours.
A terme on peut se poser des questions sur une refondation de l’offre politique rendue nécessaire par la perte des idéologies (au bon sens du terme) et dérèglement des « logiciels » respectifs. Le PS (qui entrevoit la possibilité de changer de nom) n’arrive pas à se définir entre efficacité économique, services publics et protection sociale, perdant ses sympathisants les plus extrêmes entre le FG et le FN. Le LR (ex UMP) qui revendique ce même Graale d’efficacité, se trouve engluée dans une démarche de simple reconquête (pris en étau à gauche comme à droite sur ses propres fondamentaux), sans programme ni projet véritablement innovant, et écartelé entre un libéralisme plus ou moins assumé (mais éloigné du dialogue social à l’allemande), et un souverainisme « buissonnier », protectionniste et opposé à l’UE comme au dollar.
L’Europe quant à elle doit faire face à une immigration massive due à la guerre en Syrie/Irak sans que cette situation n’apporte ni cohésion ni de contribution à l’action de la France au sud du Sahel comme au Moyen Orient. L’Allemagne, profitant de sa bonne santé économique, a pu absorber près d’un million d’immigrés, mais a connu une année difficile et une perte certaine d’image, avec le drame de l’Airbus de LUFTANSA, des pertes record de DEUTSCHE BANK et des sociétés d’électricité, et enfin le scandale des logiciels truqués de VOLKSWAGEN, dont le coût pourrait dépasser 50 Mds selon les analystes. Le Royaume Uni de CAMERON menace l’Union d’un Brexit, en prétextant vouloir y rester sans en respecter ni les règles et ni les devoirs. A l’est la Hongrie continue de défier les critères démocratiques de l’UE et la Pologne semble vouloir lui emboîter le pas après la victoire du très catholique PIS aux récentes élections législatives. Enfin aux frontières de l’Union, la Turquie se momifie dans un sultanat dépassé sous la houlette d’Erdogan, tout en voulant monnayer son aide à contenir l’immigration du Moyen Orient, où elle joue un jeu de plus en plus trouble et dangereux.
La Russie reste « plombée » par le bas prix du pétrole et une économie désespérément peu diversifiée, et, après les épisodes de Crimée et d’Ukraine, essaie de se donner une posture internationale pour compenser le conservatisme interne. Le Brésil, et surtout la Chine, subissent le contrecoup d’une expansion trop rapide et difficilement contrôlée et pèsent par le ralentissement relatif de leurs performances sur l’économie globale.
L’Afrique offre un spectacle contrasté avec une croissance réelle et assez uniforme sur tout le continent, mais mise en péril par l’acharnement de ses dirigeants à vouloir se maintenir aux postes de commandes coûte que coûte. Elle reste cependant menacée par une explosion démographique non maitrisée, ce qui avec la persistance des inégalités, alimente un terrorisme salafiste autour de la zone sahélienne et dans la « corne » de l’Afrique.
Les bonnes nouvelles viennent des USA où OBAMA a mis fin à l’ostracisme de Cuba et a réussi à finaliser un accord avec l’Iran, avec la perspective de mettre fin à des dizaines d’année d’embargo à l’encontre de ces deux pays. Par ailleurs le pays connait une phase de croissance mesurée qui vient de mener la FED à relever ses taux de 0.25%.
Le Canada et l’Australie ont permis l’avènement de nouveaux dirigeants après des élections qui ont permis d’écarter des premiers ministres particulièrement conservateurs et pollueurs.
Enfin les négociations sur le climat à la COP21 (43 ans après la première Conférence de Stockholm de 1972 et 18 ans après les premiers progrès avec le protocole de Kyoto de 1997) et ont mis en évidence la prise de conscience enfin partagée et abouti à l’accord de Paris des 195 pays dont 186 avaient soumis préalablement des contributions volontaires. Le calendrier de mise en œuvre reste généreux, le mécanisme de la taxe carbone reste à définir, mais la dynamique est lancée et le financement des pays pauvres (100 Mds $/an) est acquis.
Le 18 décembre 2015
Bilan 2014 : l’œil du cyclone
Nous avons tiré le bilan du pays à mi-mandat dans notre édito du 20 novembre 2014. Que peut-on dire de plus sur le plan économique ? On ne peut que constater la faiblesse de la croissance, autour de 0.5%, plombée par un investissement privé en panne, des investissements publics en retrait à la suite des réductions de transferts aux collectivités locales pour cause d’austérité, et une balance commerciale toujours aussi négative à plus de -60 Mds. Même la consommation des ménages, locomotive traditionnelle de nos comptes publics, ne progressera qu’entre 0 et 1% sur l’année. En conséquence, le déficit public ne pourra être inférieur à 85 Mds soit plus de 4% du PIB contre les 3% visés, soit un « gap » de plus de 20Mds. Enfin le chômage ne se stabilisera pas, comme prévu par l’exécutif, et atteindra 10% avec 3.5 M de sans emploi (en catégorie A). Seule embellie au tableau, le prix du pétrole redescendu à moins de 80 $.
Sur le plan micro-économique, les secteurs porteurs sont toujours en crise, tels que l’automobile en légère amélioration avec + 1% après plusieurs années en chute (à noter le rapprochement enfin annoncé de 4 points entre les taxes sur l’essence et le diésel, provoquant au passage un recul des véhicules concernés de plus de 3%) et la construction, avec un recul des mises en chantier à 300.000 logements contre 500.000 visés et 800.000 nécessaires par an. Enfin les prix de l’immobilier continuent de se « détendre » de 2% en moyenne (et près de 8% dans le neuf, surcoté et souvent de qualité insuffisante), mais pas assez énergiquement pour espérer une reprise rapide des transactions. Tout cela n’empêche pas la Bourse de caracoler à 4400 points pour le CAC contre 4100 à fin 2013 et une moyenne de 3800 entre 2007 et 2012. La soupe serait-elle aussi bonne ?
Sur le plan européen nous avons exprimé notre profond dépit dans notre édito du 18 mars 2014 « Euro sans Europe ». Aucune progression de l’idée fédérale, repli sur soi des pays avec la percée des droites extrêmes et europhobes lors des élections européennes, pas se convergence fiscale, pas de centrale d’achat d’énergie, pas de politique étrangère commune, pas de force d’intervention commune. Seules bonnes nouvelles, le départ enfin du pire président de Commission et d’une « haute représentante pour la politique étrangère » inexistante.
Quant à nos voisins directs, RENZI mène avec difficulté une politique courageuse en Italie, CAMERON se met de plus en plus en marge de l’Union à force de faire la course avec UKIP (à noter cependant la bonne décision de mettre en place la taxe dite GOOGLE de 25% sur les multinationales), enfin MERKEL joue avec arrogance à la bonne élève et première de classe, pour préserver sa « cassette » pour les retraites et compenser un désastre démographique annoncé (et une certaine mollesse sous la couette de ses compatriotes), en sous-investissant dans le domaine public et en essayant de maintenir avec une dureté certaine un excédant commercial excessif de 7% soit près de 180 Mds) du PIB au lieu des 4 à 6% admis par l’Union. A ce propos, on remarquera à nouveau, que si la France passait d’un déficit commercial de -60 à un excédent de +90, soit seulement la moitié de celui de l’Allemagne, son PIB progresserait de 150 Mds soit 7% et, compte tenu de prélèvements de plus de 50%, ses comptes publics seraient quasiment en équilibre (-85 +75 = -10). Au travail messieurs les exportateurs !
Sur le plan international, le chaos s’étend en Irak-Syrie-Liban, en Lybie et Afrique sub-saharienne. Les négociations sur le nucléaire piétinent avec l’Iran. Aucune solution ne se profile en Palestine après une guerre meurtrière d’Israël sur Gaza et la poursuite d’une colonisation illégale et sans issue. Plus près de nous, en Ukraine, POUTIN joue les gros bras sans que l’on puisse décrypter sa stratégie, si stratégie il y a. Aux USA, en dépit d’une reprise économique, OBAMA finit un mandat englué par un Congrès passé majoritairement républicain. L’Afrique subit une épidémie du virus Ebola avec ses conséquences sur le développement. Seule la Chine de XI tire son épingle du jeu et devient première puissance mondiale avec un PIB de 17500 Mds $, malgré une croissance en faible recul à 6% (quand même !), une démographie vieillissante et une bulle immobilière à risque.
Qu’attendre alors de 2015 ? Une petite reprise autour de 1%, insuffisante pour réduire déficit et chômage, mais peut-être suffisante pour amorcer une relance des investissements, si des mesures de fond (droit social, contrat unique, politique du logement, innovation, ré-industrialisation, éducation) sont entreprises dans le pays, mais aussi en Europe en relançant les investissements. Il faut espérer que, sans prélèvements nouveaux, le rendement des recettes fiscales soit plus efficace (voir la taxe GOOGLE en UK et les accords contre « l’optimisation fiscale » évasive au niveau de l’OCDE) afin de pouvoir préserver une protection sociale certes critiquable dans ses excès, mais généralement enviée et socialement nécessaire pour corriger des inégalités croissantes.
Car on peut toujours viser la réduction radicale des dépenses publiques (au-delà des 51 Mds déjà engagés en France et même des 100 Mds demandés par l’UMP. Lire notre édito du 11/7/2012, « L’équation impossible »), comme le souhaitent les « libertariens » après REAGAN et THATCHER, et réduire à la portion congrue tant les dépenses sociales que celles « régaliennes » : c’est alors accepter le chacun pour soi, la fin d’un Etat simplement régulateur, la fin d’une Europe enfin unie et pacifiée, la fin d’une civilisation enfin. Non merci.
Le 10 décembre 2014
Bilan 2013 : politiques au bord de la crise de nerfs
Plus de 18 mois après la prise de fonction du nouvel exécutif, notre diagnostic est nettement plus négatif que celui que nous portions dans le Bilan 2012 (et dans notre édito du 15 mai, « Douze mois après »). Et ceci malgré certaines réussites : une réforme de la retraite enfin intelligemment menée, mais non encore finalisée, une réforme bien négociée des 32 Mds (!) de la formation professionnelle, désormais individualisée, un déficit budgétaire réduit de près de 10 Mds sur 12 mois, une inflation limitée à 0.7% (au risque de la déflation), une balance commerciale moins catastrophique à -60 Mds contre les -75 Mds des 2011 et 2012, enfin un timide redressement de la croissance à +0.8% en glissement contre -0.2% en 2012, bien inférieur aux 1.5 à 2.0% nécessaire pour réduire le chômage.
Car lorsque nous regrettions déjà l’absence d’une grande révision et simplification fiscale pourtant annoncée et le manque d’audace et de leadership dans la réforme de l’Europe, le pays s’est trouvé depuis englué dans une série de contradictions, de volte-face, de couacs de communication, de reculades, de démissions, sans parler de la lamentable pantalonnade de la prétendue “affaire L…”. Bref le constat d’un exécutif erratique avec un gouvernement qui avance comme un canard sans tête et un président qui louvoie et ne s’en tient pas à la direction et aux priorités par lui-même affichées.
Certes la situation économique et sociale est complexe et le rétablissement à court terme quasi impossible (relire notre édito du 7 novembre 2012, “L’équation impossible”). Encore faut-il avoir le courage d’expliquer clairement aux citoyens la situation du pays, sa position comparative par rapport à nos voisins européens, et indiquer la direction adoptée sans hésiter sans cesse entre contraintes et facilités, entre politiques de l’offre et celle de la demande, entre taxations à petits pas trop souvent répétés et économies de bouts de chandelle. Sans parler des multiples annonces et déclarations de ministres trop bavards ou trop imbus de leur ego, pour accepter le contrôle et l’arbitrage d’un PM lui-même tétanisé par des rapports de forces contradictoires et certaines proximités du Château.
L’opposition n’est pas en meilleure posture, sans programme, sans leader (les deux successeurs putatifs s’étant mutuellement carbonisés) et écartelée entre une droite extrême, et ses lunes xénophobes et souverainistes, et un centre enfin reconstitué au sein de l’Alternative. Face à certaines de ses contrepropositions (sur les 35 heures, l’ISF, les réformes structurelles nécessaires), un ancien ministre de l’ancienne majorité ne déplorait-il pas récemment le reproche systématiquement retourné par ses interlocuteurs d’aujourd’hui : « mais pourquoi donc ne l’avez-vous pas fait lorsque vous étiez au pouvoir ? ».
Faillites, dépôts de bilan et plans sociaux (PSA, agroalimentaire breton, etc..) se succèdent, faisant plafonner le chômage à près de 11%, et seul celui des jeunes est en recul, grâce il est vrai en bonne partie aux sempiternels contrats aidés, utilisés depuis 40 ans tant par la droite que par la gauche.
Pendant ce temps l’Irlande se libère de la tutelle de la troïka sur la base d’un « nettoyage » douloureux mais avec une perspective de reprise fragile. L’Espagne croit pouvoir espérer un printemps moins dramatique après une chute de son PIB de 15% entre 2012 et 2013. L’Allemagne continue de battre des records, notamment dans le domaine du commerce extérieur avec un solde positif de plus de 7% du PIB, mais a du mal à mettre en branle sa consommation intérieure, nécessaire à l’UE, et préfère se reposer sur un euro mutualisé et fort (malgré les grecs !), ce qui lui permet d’éviter une réévaluation plus importante encore (et potentiellement catastrophique pour ses exportations) de sa monnaie si elle voulait ou devait sortir de l’eurozone.
Enfin, malgré ce contexte économique déprimé et les critiques de toutes parts, la Bourse progresse paradoxalement de plus de 10% en un an avec un CAC flirtant avec les 4100 points, les ventes d’automobiles amorcent une légère reprise, alors que la folle chevauchée de l’immobilier (hausse de plus de 75% entre 2000 et 2013) se calme et marque même un recul des prix de 3% sur un marché étroit, réduit par la pusillanimité de vendeurs peu enclins à abandonner des plus-values latentes désormais partiellement évaporées.
Pendant ce temps l’Europe donne chaque jour un peu plus l’impression de s’enfoncer dans une mort lente par asphyxie (relire notre édito du 24 octobre, « Mort de l’Europe ») avec une Commission impuissante et molle, sans projet et sans ambition, qui donnerait presque raison aux souverainistes de tous poils. Seuls, le Parlement, comme d’habitude, et surtout la BCE avec DRAGHI, font preuve de courage et d’initiative et sauvent la mise. Comme en 2012 nous pouvons écrire à nouveau : « L’UE reste paralysée par son incapacité à s’ériger en état fédéral et en puissance régionale, et s’enfonce dans une politique de rigueur proche de la déflation, alors que de plus en plus d’économistes prêchent pour une approche plus souple face à la conjoncture et pour une dose accrue de keynésianisme et de volontarisme au niveau de l’Union ». Il est à craindre qu’à fin 2014 cette constatation reste toujours d’actualité.
Chine et USA demeurent les deux seuls empires géopolitiques qui comptent, le premier en progression, malgré les énormes risques internes, le second sur la défensive, avec un président en arrière de la main, malgré sa réélection et la liberté d’un second mandat non reconductible. Il est dommage que l’Europe des 28, forte de ses 17.000 Mds$ de PIB, apparaisse comme définitivement hors-jeu face à ces vedettes mondiales pesant respectivement 11.000 et 15.000 Mds$.
En 2014 la France s’engagera dans des élections municipales et européennes, consommatrices en temps et en énergie, et à hauts risques pour la majorité en place, notamment pour les européennes (pour lesquelles on estime par ailleurs que près de 20% des nouveaux élus à Bruxelles seront issus des divers mouvements eurosceptiques). Elle se lancera peut-être enfin dans la grande réforme fiscale et sociale des cotisations, tout récemment annoncée par le PM, en espérant que la montagne n’accouche pas d’une souris. Elle entamera peut-être enfin les réformes structurelles indispensables ainsi que celles institutionnelles (cumul des mandats, empilement des collectivités, etc.…). Elle osera peut-être enfin assumer son rôle de leader historique européen (MONET, SCHUMAN), prendre des initiatives radicales, et exiger la remise à plat des règles communautaires et la marche vers un fédéralisme débarrassé des contraintes d’unanimité, toujours maintenues à la faveur des divers égoïsmes nationaux.
Alors, à fin 2014, nous serons véritablement à mi-mandat. Alors, enfin nous saurons faire le vrai diagnostic de l’action entreprise (sinon l’autopsie d’une ambition déçue).
Le 15 décembre 2013
Bilan 2012 : Le changement, c’est pour bientôt ?
Après des élections qui n’ont fait que confirmer le désarroi de l’équipe précédente, qui avait déjà perdu municipales, régionales et européennes, la présidence et le gouvernement socialiste se sont trouvés face à une montagne de problèmes accumulés (dont l’inventaire avait été retardé pour cause de présidentielles), maintes fois dénoncés et jamais vraiment prises en main structurellement : déficit budgétaire, dette, dépenses publiques, charges sociales, compétitivité, déficit commercial, croissance atone, chômage.
Après un début de quinquennat plutôt réussi notamment sur le plan international, l’exécutif a été critiqué pour un été jugé trop paresseux et une rentrée marquée par 30 Mds de mesures budgétaires (dont seulement 1/3 en réductions de dépenses), puis 20 Mds de crédit d’impôts pour la compétitivité (dont la moitié financée par des réductions de dépenses). Face à des annonces maladroites telles que celle sur la tranche temporaire (?) à 75% pour les très riches (en fait 67% hors CSG-CRDS, due par tous) , et après la bronca des pigeons, moineaux, vautours et autres volatiles, le pouvoir a semblé hésiter, puis s’est fait prendre au piège de Florange en se surinvestissant sur le cas de 650 ouvriers, alors que le rythme mensuel est de 45.000 nouveaux chômeurs, et qu’ils représentent maintenant 10% de la population active.
Dans notre Bilan 2011 nous avions pourtant annoncé la nécessité d’un « troisième » plan de rigueur, après ceux trop tardifs et trop timides d’août et de novembre 2011 totalisant 17 Mds. Le simple calcul de la réduction recherchée de la dette de 90 à 60% du PIB, supposait un effort de 600 Mds soit 60 Mds sur 10 ans ou deux quinquennats. Plus grave est la hausse du déficit commercial qui atteindra 75 Mds alors que l’Allemagne, notre point de référence, prévoit un excédent de plus de 170 Mds. Le différentiel représente près de 250 Mds soit 12.5 % du PIB, alors que la croissance attendue pour la France en 2012 sera à peine positive et résolument inférieure à 1% en 2013 (relire notre édito du 07/11/2012).
L’effondrement de notre compétitivité internationale et sa conséquence, le chômage, ne sont que partiellement dus à notre niveau de charges, notre taux horaire et nos 35 heures) mais bien plus encore au conservatisme et au manque d’imagination et d’innovation de toutes les strates de notre société (sans compter un pari ancien et très imprudent sur le tout tertiaire – et sans parler des « lunes » récurrentes sur les aides à la personne !). Lorsque les sociétés préfèrent utiliser leurs résultats pour racheter leurs actions plutôt que d’investir, ils perdent la main. Lorsque l’Etat n’est pas capable, de rendre plus fluide le marché du travail et de faciliter les créations d’entreprises (autres que celles des « auto-entrepreneurs », pour la plus grande part chômeurs déguisés à bon compte pour les statistiques), il ne fait pas son travail.
Et pendant ce temps l’or continue de caracoler à 1710 $, le CAC flirte avec les 3600 points et l’immobilier parisien a crevé la barre des 8440 € le m² (contre respectivement 1700, 3000 et 8000 à fin 2011), alors que le taux de l’argent est à son plus bas niveau historique.
Sur la plan industriel, l’automobile connait la débâcle, avec un étiage à 1.9 M de véhicules immatriculés en 2012 et un effondrement des parts de marchés de PSA et Renault , le bâtiment est en chute libre faute de pouvoir d’achat et de crédits, le nucléaire « s’envole », notamment à Flamanville où l’EPR sortira à près de 9 Mds au lieu des 3.3 Mds initialement prévus, et seul AIRBUS tire à nouveau son épingle du jeu malgré (ou grâce) à l’échec du rapprochement avec BAE.
Sur le plan politique, l’UMP joue au bipartisme interne faute d’avoir tiré les leçons de son échec de mai, l’UDI se prend à rêver à un avenir « orangé », le FN progresse mais ne perce pas, et le PS commence à regretter son alliance avec les Verts et reproche ses trahisons au FdG qui le lui rend bien. Bref les politiques se complaisent dans les « chicaillas », alors que le navire gîte et que les pauvres (moins de 950 € de revenus) sont au nombre de 8.5 M.
L’UE, malgré quelques petits succès dus à la BCE, reste paralysée par son incapacité à s’ériger en état fédéral et en puissance régionale, et s’enfonce dans une politique de rigueur proche de la déflation, alors que de plus en plus d’économistes prêchent pour une approche plus souple face à la conjoncture et pour une dose accrue de keynésianisme et de volontarisme au niveau de l’Union.
La Chine est confirmée comme la seconde puissance mondiale malgré une croissance plus sage au rythme de 8% et elle est en position d’atteindre la première place dès 2020, ce qui aiguise ses tendances d’hégémonisme régional. Le nouveau président XI poursuit, volens nolens, l’inflexion de l’économie vers la consommation, tant pour soutenir la croissance interne face à un contexte mondial suspens, que pour éviter un « grand soir » domestique, qui ne pourrait être que dantesque.
Les USA ont heureusement réélu OBAMA (qui, n’étant plus rééligible, aura les mains plus libres sur nombre de sujets controversés) et connaissent une certaine reprise, malgré la « falaise » de dettes, qui finira par poser problème un jour ou l’autre. Comme toujours et grâce à la souplesse de son économie, ce pays qui est entré avant les autres dans la crise (en nous y entraînant), en ressortira le premier.
En 2013 la France continuera à subir les conséquences de la crise et le poids de l’historique. Elle devra engager des réformes structurelles majeures, dont les résultats ne seront perceptibles qu’à moyen terme, tout en évitant un effondrement du système dans l’immédiat.
Elle devra enfin engager la grande réforme fiscale (et passer au tamis l’empilement de 60 ans de taxes, parachutes, plafonds, abattements, exonérations, niches et aides de toutes sortes), celle de l’emploi (relire notre édito du 01/09/2005) et peut-être celle du foncier/immobilier (relire notre édito du 03/05/2011) .
Pour cela l’Exécutif devra faire preuve de courage, de pédagogie et de plus de cohérence dans l’action. Il devra aussi prendre des initiatives majeures au niveau européen, car ce n’est qu’à ce prix que des réformes domestiques majeures, même intelligentes, pourront être viables.
Le 10 décembre 2012
Bilan 2011 : ELLAS, hélas
Cette année la Grèce a été à l’honneur : avec une dette de 340 Mds seulement (!) sur 8000 Mds dans la zone euro, ce pays ensoleillé de 11 M d’habitants a réussi à mettre l’UE au bord de la crise de nerfs, à paniquer le PM du Royaume Uni et à inquiéter les USA et la Chine. Ainsi, les sommets de « la dernière chance » se sont succédés tout au long de l’année mettant en scène la valse hésitation du « couple » franco-allemand, devant leurs partenaires européens médusés par un spectacle aussi kitsch.
La « crise de la dette » a ainsi plongé les banques dans un désarroi durable, et ébranlé les politiques par la dégradation de leur note (Grèce, USA, Italie) ou le risque de dégradation (France et certains autres pays de l’UE17). Ces mêmes politiques, conseillés en amont par les « think tank », sur le terrain par les « spin doctors » et autres « conseillers spéciaux » soufflant leurs « éléments de langage », et enfin censurés en aval par les experts en « fact checking », ont tous réussi à faire la preuve sinon de leur inefficacité, du moins de leur impuissance à faire face à la crise par des réformes structurelles plutôt que par des annonces de circonstance aux effets forcément limités.
Plus fondamentalement toutes les économies sont écartelées entre le souci de réduire les dettes accumulées par des années d’insouciance et/ou de libéralisme trop dogmatique, au risque de provoquer la récession, et la tentation d’un certain keynésianisme pour favoriser la croissance, au risque d’aggraver les déficits. Plus prosaïquement le Charybde et Scylla moderne se situe entre le risque déflation et le « credit crunch » d’une part, et l’inflation d’autre part, qu’il faudra bien juguler à un moment donné.
Dans ce contexte chahuté la France a connu une année difficile, avec une croissance plus proche de 1.5% que de 1.75% annoncés (après un avis de récession sur T4-2011 et T1-2012), un déficit public de près de 8%, un chômage de près de 10% et un déficit de la balance courante de quelques 75 Mds (à comparer des 150 Mds de l’Allemagne, soit un différentiel de plus de 11% du PIB !). Le pays aborde donc une année d’élections qui ne favorisera pas les décisions de fond avant septembre 2012. Le succès des primaires socialistes, conforté par le basculement du Sénat, a confirmé un avantage de l’opposition qui ne faiblit pas dans les sondages malgré un « forcing » tous azimuts du candidat non encore déclaré de la majorité.
Le pays s’est complu dans des angoisses prétendument métaphysiques et définitivement nombrilistes sur « l’identité nationale » et les essayistes et philosophes de tous poils ont continué à s’essayer à la philosophie, au lieu de s’investir dans l’action, ce qui n’a fait que maintenir le moral de la population dans le bas, au grand désespoir des politiques, apprentis sorciers dépassés par leur propre logorrhée.
Et pendant ce temps l’or caracole autour des 1700 $, le CAC fait du yoyo autour des 3000 points et l’immobilier parisien a crevé la barre des 8000 € le m² (contre respectivement 1400, 3900 et 7000 à fin 2010).
Sur la plan industriel, l’automobile peine, le bâtiment est en chute, le nucléaire patine (après Fukushima, la décision de l’Allemagne d’arrêter ses centrales et celle de l’Italie d’arrêter ses investissements), et seul AIRBUS tire son épingle du jeu avec un record de près de 1500 commandes (NEO) et plus de 1500 livraisons.
Au sud, le printemps arabe (Tunisie, Egypte, Libye, Yémen) est en train d’atteindre la Syrie, et donne même des idées en Russie aux opposants de Poutine. Berlusconi a « finalmente » quitté la scène italienne et l’Espagne et le Portugal ont changé de bord. Au nord, la Belgique a enfin retrouvé un gouvernement, alors que le Danemark est passé au centre gauche.
L’UE reste paralysée (par la crise aussi) par son incapacité à s’ériger en état fédéral et en puissance régionale (il est à ce propos regrettable que le Parlement européen, la plus active des institutions de l’Union soit actuellement si peu actif), et se projette dans une organisation formée par 3 cercles concentriques : un noyau « dur » (jusqu’à quel point ?) de 5 ou 6 pays, une zone monétaire de 16 ou 17 états, et une zone de libre échange de 27 à 30 nations.
Entretemps la Chine est confirmée comme la seconde puissance mondiale avec un PIB de plus de 6000 Mds$ environ, malgré une croissance réduite à 8.5% seulement (!) en 2011, et avec des réserves de change de 3000 Mds$.
Le monde a bien changé et son centre de gravité s’est durablement déplace à l’est (malgré le boom du Brésil) : les seuls trois premiers pays d’Asie (Chine, Japon et Inde) représentent un PIB voisin de celui des USA et de l’UE27 avec plus de 15000 Mds$ chacun.
Pour 2012, The Economist prévoit une « croissance » de -0.2% en Europe, de +1.4% en Amérique du nord et de 6.5% en Asie (hors Japon à +2.2%), contre +4.5% en Afrique et +3.5% en Amérique du sud.
La France ne pourra éviter un troisième plan de rigueur, après ceux trop tardifs et trop timides d’août et de novembre totalisant 17 Mds, et fera face à une croissance nulle aggravant l’emploi et les finances et poussant la dette à 1900 Mds à coût plus élevé. Sans compter un deuxième round prévu sur les retraites des 2013 après la réforme tant contestée qu’incomplète de 2010. Le pays ne pourra faire l’économie d’une réforme fiscale en profondeur, remplaçant l’empilement de plusieurs décennies de taxes nouvelles et de niches diverses, pas plus que d’une remise en cause de ses missions, régaliennes et/ou incitatives, ce qui impliquera forcément une remise à plat de sa législation pléthorique, confuse, contradictoire et aliénante.
Le chantier est colossal, tant au niveau domestique qu’au niveau européen, et pourrait être exaltant s’il est mené avec perspective, conviction et audace, sans parti pris et sans idées partisanes, et si l’ensemble des acteurs sociaux arrive à être mobilisé. Vaste programme, disait « quelqu’un ».
Le 15 décembre 2011
Bilan 2010 : vents d’est
Après la crise financière du 15 septembre 2008, (où la « main invisible » des marchés s’est brûlé les doigts) dont les pleins effets ne se sont fait sentir qu’en 2009, soit 80 ans après celle de 1929, l’année 2010 a été celle des réveils douloureux.
Aux « subprimes » ont succédé chocs des dettes souveraines (Islande fin 2008, Grèce, Irlande, Irlande, menaces sur le Portugal et l’Espagne) qui mettent à mal l’euro et la survie même de l’UE.
En France la croissance plafonne à 1.5% (pour une inflation du même ordre) après une chute de -2.6% en 2009 et les déficits public atteignent près de 8% du PIB soit près de 200 Mds (dont près de 30 Mds pour la Sécu, soit 500€ par habitant !) pour un PIB de 1950 Mds€ (2550 Mds $), alors que la dette atteint 84% du PIB, soit plus de 1650 Mds€, soit encore bientôt près de 30.000 € par habitant.
Ce laisser-aller se matérialise dans la comparaison tant à la mode avec l’Allemagne, où à la même période la croissance sera de 3.3% avec une balance commerciale positive de 150 Mds€ contre un déficit de 50 Mds en France (ce différentiel de 200 Mds représente un potentiel de croissance manquée de 10% pour notre pays). Certes la décroissance de l’Allemagne en 2009 avait été plus forte avec -4.7% contre -2.6 en France, mais sur 5 ans entre 2006 et 2011, la croissance de notre voisin d’outre Rhin aura quand même atteint +4%, contre +3% pour nous.
Et pendant ce temps l’or caracole à 1400 $, le CAC flirte avec les 3900 points et l’immobilier parisien a passé la barre des 7000 € le m² et prend 50 € par mois.
Le malaise économique reflète celui du politique, dont l’année a été marquée par de nombreuses annonces non suivies d’effets, couacs, affaires et occasions ratées. La remise à plat des retraites, « mère de toutes les réformes », est incomplète en n’apportant qu’une solution à court terme et le coup de rabot sur les niches fiscales et sociales reste très superficiel et bienveillant. Les secteurs de l’éducation, de la santé, et de la recherche restent dangereusement vulnérables et les futurs chantiers de la fiscalité et de la dépendance, bien que plus que nécessaires, risquent ne n’être traités que sous le prisme des contraintes électorales de 2012, lesquelles pourraient aussi compromettre les efforts d’assainissement des finances publique et de ralentissement, sinon de réduction, de la progression de la dette.
Entretemps la Chine est devenue la seconde puissance mondiale avec un PIB de près de 6000 Mds$ suite à une croissance moyenne de 65% (!) sur 5 ans entre 2006 et 2011, et avec des réserves de change de 2600 Mds$.
Ces données ne font que confirmer un monde qui change et dont le centre de gravité se déplace à l’est : les seuls trois premiers pays d’Asie (Chine, Japon et Inde) représentent un PIB équivalent à celui des USA soit 15000 Mds$, devant l’UE25 avec ses 14600 Mds$.
Si la France ne veut pas devenir le Disneyland du monde, elle ne pourra se développer qu’au sein d’une UE unie, volontaire et compétitive, et donc fédérale.
Le 20 décembre 2010
Bilan 2009
« Annus horribilis ». Après l’apostrophe de la reine d’Angleterre en 1992 relative aux incidents au sein de la famille royale (mais qui a suivi la seconde guerre d’Irak de 1991 la première étant celle contre l’Iran), cette citation a été reprise en 1995 (grandes grèves en France), en 2003 (troisième guerre d’Irak et ses conséquence économiques), et enfin en 2009, qui restera un cru exceptionnel, proche du cataclysme de 1929, avec des pertes probables de plus de 5000 Mds, soit un mois de PIB mondial.
S’en est suivi, une décroissance de près de près de 2% en Europe, un doublement des déficits publics (140 Mds en 2009 soit 50% du PIB en France), une augmentation dramatique des dettes souveraines (80% du PIB pour la France en 2010) et du chômage (près de 11% attendus en 2010). Enfin, un déficit de la Sécurité Sociale de 20 Mds en 2009.
Malgré quelques signes de reprises tenant autant à la méthode Coué qu’aux faits, et un CAC passé d’un mini à 2600 à un maxi à plus de 3800, le prix de l’or (1200$ l’once), l’effondrement de Dubaï et les risques sur les dettes de la Grèce, de l’Espagne et de l’Irlande, ne permettent pas de considérer la crise comme terminée. Le dollar et l’économie américaine restent fragiles, le Japon ne parvient pas à sortir de l’ornière et d’aucuns craignent une possible bulle chinoise dont l’éclatement serait dramatique pour tous.
En France la crise a eu comme d’habitude des effets moindres en raison des inerties propres à son système économique (protection sociale, poids de l’Etat dans l’économie, niveau de consommation traditionnellement élevé) mais la reprise risque d’être freinée par les mêmes inerties et par un niveau de déficits et d’endettement démesuré. Les pouvoirs publics se dispersent dans un trop grand nombre d’actions et de mesures dont on discerne mal les priorités, notamment par rapport aux enjeux internationaux, et qui ne favorisent pas la mobilisation des acteurs économiques et des partenaires sociaux.
La crise a fait naître dans tous les pays de l’OCDE un souci accru de régulation sur la finance en particulier, mais également sur les équilibres économiques en général (investissements plus sélectifs et productifs à long terme, rémunérations plus en ligne avec les résultats et les risques), mais il convient de vérifier si ce mouvement est durable et capable de tempérer les excès d’un capitalisme trop libéral, ou s’il ne s’agit que d’un effet de mode et de bonne conscience.
Les raisons d’espérer en 2010 dépendront d’une économie plus saine aux USA (programme santé, moindre endettement privé et public, limitation des excès de Wall Street), d’un développement de la consommation intérieure et de la protection sociale en Chine, des investissements mieux ciblés et plus productifs en Inde, d’une reprise plus équilibrée au Japon avec un nouveau gouvernement moins expérimenté mais plus lucide, d’une rationalisation trop attendue des structures économiques en Russie, et d’une prise de conscience en Europe de ses enjeux, ses chances et ses risques face aux précédents, pour agir enfin en union politique de ses membres.
Le 10 décembre 2009
Bilan 2008 : le retournement
Après trois trimestres en dents de scie (+0.4 -0.3 et +0.1) il faut s’attendre à un T4 largement négatif ce qui donnerait une année très probablement dans le rouge (contre +2.1 en 2007) et un retour rapide à près de 2.5 M de chômeurs. La balance commerciale impacte comme d’habitude cette détérioration avec un creusement à -50 Mds du déficit (-35 Mds en 2007) contre un surplus de plus de 130 à 150 Mds en Allemagne, (cependant inférieur à celui de 2007 de +200 Mds).
Ces chiffres reflètent une évolution à deux temps avec un premier semestre inflationniste (+3% en France) et un certain nombre de records (l’euro à près de 1.6 contre le dollar, le pétrole à près de 150$ et les céréales ayant vu leurs prix doubler sur 12 mois). Mais les « subprimes », qui avaient pointé leur nez dès 2007, généraient plus de 6000 Mds de pertes provoquant la faillite de LEHMAN le 15 septembre, suivie d’une cascade de défaillances (jusqu’au scandale du fonds MADOFF pour 50 Mds) plus ou moins amorties par des plans coûteux de sauvegarde, puis de relance après que la chute de l’économie réelle ait emboité le pas à la crise financière. La récession annoncée voit alors le pétrole tomber à moins de 40 $ et le prix des matières premières s’effondrer laissant entrevoir un risque de déflation. D’autant plus que les bourses perdent plus de 40% sur l’année et que l’effondrement en tendance de l’immobilier (-15%) et des ventes de voitures neuves (-20%), met les deux locomotives de l’économie mondiale en panne.
La crise sera donc puissante en 2009 et probablement plus longue que prévue, et les « dents » de quiconque ne suffiront certainement pas pour aller chercher les points de croissance manquants. Cela ne devrait cependant pas faire beaucoup bouger l’échiquier politique où, face à une opposition déchirée sinon inexistante et des acteurs sociaux naturellement tétanisés par la crise, le pouvoir semble avoir une assez large marge de manoeuvre y compris sur des sujets aussi peu prioritaires et aussi controversés que la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, la nomination de leur président ou le travail le dimanche.
Certains chantiers de fond ont néanmoins avancé (universités, RSA, refonte territoriale) et l’activisme agité de la présidence française de l’UE pendant 6 mois a redonné une certaine visibilité au pays, même si les réalisations concrètes ont été très limitées par rapport aux annonces (Géorgie, FMI, environnement) et malgré quelques couacs (Tibet, UPM, Eurogroup). Il reste la suppression réussie des cigarettes dans les restaurants et cafés !
Dans l’Union, le Parlement Européen a confirmé son efficacité croissante et son rôle de véritable moteur d’une intégration pouvant réussir (malgré une présence parlementaire française peu efficace et le conservatisme populiste de l’Italie, de la Pologne et de la République Tchèque), alors que la Commission avec ses 27 Commissaires et sa marge de manoeuvre bridée par la crise, se trouve progressivement cantonnée dans une position de Sénat fédéral.
Sur le plan international, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) restent les vedettes de la scène internationale de l’économie et même de la politique (Chine imperturbable face aux gesticulations sur le Tibet et Russie profitant des maladresses géorgiennes). Les USA vont tourner la page d’une double présidence probablement la plus calamiteuse de leur histoire et il sera intéressant de suivre les nouvelles orientations d’OBAMA après le 20 janvier, en économie mais également sur les dossiers extérieurs, notamment la question palestinienne jamais abordée par l’administration BUSH engluée dans un suivisme potentiellement catastrophique.
Les perspectives pour 2009 restent, comme nous l’avons vu, sombres, mais il est paradoxalement possible d’espérer des remises en cause d’autant plus fondamentales que la secousse sera forte.
Vous pourrez revenir sur les faits marquants de l’année dans la rubrique des brèves Nooz. Sur le plan des « arts et spectacles »(voir la rubrique), l’année 2008 a été plutôt décevante, malgré quelques rares bonnes surprises.
Lundi 5 janvier 2009
Bilan 2007 : année de transition
Le taux de croissance en France en 2007 sera probablement de 1.9% contre 2.9% pour la moyenne de l’UE et 2.5% pour l’Allemagne (et même plus de 3% pour le Royaume Uni). Ces chiffres en corrélation avec la balance commerciale positive de près de 200 Mds pour l’Allemagne contre un déficit de plus de 35 Mds pour la France : le différentiel représente 12 points de croissance supplémentaire possible !
Cette contre-performance est certes due à la chute du dollar (l’euro se rapprochant de 1.5 dollars), à la hausse du pétrole qui avoisine (et franchit en janvier 2008) les 100 dollars et à la crise financière, initiée par les « subprimes » aux USA (encore ! , après le krach de 1987, la bulle internet de 2000 et la crise après l’intervention en Irak de 2002), prolongée par la crise des crédits et par l’incidence sur les résultats de banques dès mi-2007 et probablement sur ceux des compagnies d’assurance dès début 2008.
La Bourse a reflété cette morosité avec une croissance de 1.3% pour le CAC contre une hausse de 22% pour le DAX allemand (sans parler des + 97% de la bourse de Shanghai)
L’inflation n’a pas été en reste et atteint désormais 2.6% en France et près de 3% pour l’UE, justifiant le statu quo de la BCE sur les taux, malgré les jérémiades françaises.
La hausse de l’immobilier s’est ralentie sinon arrêtée, mais à un niveau élevé et difficilement supportable pour les ménages jeunes et/ou peu et même moyennement aisés, laissant sur le côté de la route les quelques 100.000 SDF et près de 3 millions de mal logés, malgré les déclarations d’intention et effets d’annonce du gouvernement.
L’année 2007 a été marquée en effet sur la plan politique par les élections présidentielles et législatives qui ont consacré la victoire de Nicolas SARKOZY sur un parti socialiste défait, divisé et incapable de se remettre en cause et sur un Front National anéanti par l’impuissance enfin consacrée de son dirigeant à s’imposer comme alternative crédible de gouvernement, ainsi que par l’OPA sur son fonds de commerce réalisée par le dirigeant de l’UMP. Seul le centriste François BAYROU semble avoir sorti son épingle du jeu, mais voit son équipe évaporée au soleil de la majorité et devra encore réussir sa propre OPA sur la droite du PS avant d’espérer pouvoir s’imposer un jour.
Sur le plan économique le nouveau pouvoir n’a pas su encore trancher entre une politique de l’offre tant attendue et une politique de la demande (cher paquet fiscal !) contrepartie de promesses électorales classiquement démagogiques. Malgré les nombreux coups de canif, le fondement même de la durée légale du travail n’est pas remis en cause, pas plus que l’improductif ISF (en dépit d’un « bouclier fiscal » politiquement désastreux). Enfin, le tautologique et incantatoire « travailler plus, pour gagner plus » exige d’abord un redressement du cycle de production (éducation, recherche, innovation, investissement, industrialisation, exportation, prises de participation, prise de parts de marchés) qui ne se décrète pas mais s’arrache face à la concurrence internationale (voir Allemagne).
Quant à la forme, la remise à plat si nécessaire des fondamentaux du pays, gigantesque chantier qui exige un travail de fond et sur la durée, risque de d’être mis à mal par un volontarisme précipité et parfois brouillon, confondant activisme et agitation, sans compter les effets pernicieux d’attitudes kitch et de type star’ac, sinon de midinette.
Sur le plan international l’alignement sur la politique en perte de vitesse d’un BUSH affaibli semble anachronique, alors que les USA restent enlisés dans un Irak en chaos, que la situation en Afghanistan se détériore de jour en jour et que la puissance américaine soit par ailleurs incapable d’imposer aux voisins et « partenaires » de l’ancienne Palestine britannique, le règlement d’un conflit vieux de 60 ans, source de tous conflits passés et à venir. Quant à la chimère de l’Union Méditerranéenne, elle ne pourra faire diversion à une perte d’influence en tant qu’acteur majeur et inspirateur de l’UE.
L’Asie reste encore en 2007 la vedette de la scène internationale avec une croissance de plus de 11% en Chine, et de plus de 9% en Inde. Par ailleurs la Russie connaîtra une hausse de plus de 7% du PIB, ce qui a valu à Poutine, malgré ses atteintes aux droits de l’opposition, la une du TIME comme personnage de l’année.
La « stagflation » annoncée des USA n’en paraît que plus dramatique et lourde de conséquence à long terme face au dynamisme asiatique, au point que NEWSWEEK ait publié un numéro spécial sur le thème « Le pays peut-il encore rester en tête ». Les primaires à venir et l’élection de fin 2008 donneront peut-être un début de réponse, probablement de nature démocrate.
2007, année de transition sûrement, mais entre un passé chaotique et un avenir incertain, plus complexe, plus difficile, avec des enjeux majeurs (énergie, climat, concurrence asiatique, religions, insécurité) et quelque bonnes nouvelles (de Pologne et d’Australie) et, malgré tout, un optimisme sans faille et une foi à l’intelligence sous-jacente (à quelle profondeur ?) de nos sociétés, en dépit d’une futilité de surface souvent désespérante.
Vous pourrez revenir sur les faits marquants de l’année dans la rubrique des dernières brèves et des Nooz. Sur le plan des « arts et spectacles », l’année 2007 a été à nouveau un bon cru (voir notre rubrique spécialisée), bien que nous ayons raté « Still life » de JIA Zhank Ko.
Le 4 janvier 2008
Bilan 2006
Malgré un trou d’air au 3ème trimestre, le PIB devrait progresser de 2% environ en 2006 ce qui permet une baisse du chômage de 10% sur l’année. Les principaux points d’inquiétude ont été le secteur automobile, les retards d’AIRBUS (à nouveau distancé bar BOEING sur les commandes de l’année), et le déficit du commerce extérieur, malgré une baisse du pétrole (après des pics à plus de 70 dollars en milieu d’année).
La Bourse a été flamboyante, le CAC dépassant les 5500 points, soit une hausse de 17% alors que les taux s’inscrivent à la hausse de 19% pour les taux longs alors que le spread entre l’EONIA et le OAT 10 ans passait de 962 à 277 points de base, ce qui reflète une tendance de fond vers plus d’inflation.
L’immobilier, favorisé par des taux restés peu élevés, malgré la hausse de fin d’année, et des crédits de plus en plus longs (50 ans), a alimenté la hausse des prix des logements, ralentie néanmoins de 12% en 2005 à 8.4% (comparée à une inflation générale de 2%), et la hausse du coût de la vie des particuliers au travers des loyers, mettant en péril l’accès au logement des plus jeunes et fragilisant encore plus les quelques 100.000 SDF et près de 3 millions de mal logés.
L’année 2006 a été marquée en politique par le pas de deux sur les contrats CPE et par l’affaire CLEARSTREAM qui ont paralysé l’action du gouvernement sur un certain nombre de dossiers prioritaires : santé, retraites, prélèvements sociaux, logement, fiscalité, dette, universités, innovation, avantage compétitif de l’économie nationale.
De plus, à l’approche d’échéances électorales, il peut apparaître que l’Etat ait privilégié les effets d’annonce et favorisé ses relais d’opinion (TVA réduite des restaurateurs, soutien aux buralistes) plutôt que d’entreprendre des réformes structurelles plus efficaces à moyen terme.
Sur le plan international l’Asie reste la vedette avec une croissance continue de 10.5 en Chine, une arrivée tonitruante de l’Inde sur la scène économique (voir MITTAL et TATA), une forte reprise au Japon (notamment sur le plan boursier et en dépit de la léthargie de la consommation des ménages), et un mini krach en Thaïlande.
Le dollar a été affecté (+ 12% pour l’Euro) par une baisse de la croissance aux USA, un déficit commercial abyssal, et un basculement partiel sur l’Euro de certaines banques centrales (Chine, Venezuela, Emirats). La Slovénie a rejoint l’Euro au 1er janvier 2007 alors que le Monténégro utilise la monnaie unique depuis plusieurs années sans faire partie de l’Union
La hausse du pétrole et du gaz a favorisé la croissance de la Russie qui est devenue plus active quant à la gestion de ses ressources, au risque de générer des réactions de méfiance sur l’approvisionnement en gaz des européens, dépendants vis à vis d’elle à plus de 25%.
Les USA empêtrés par la politique irakienne de BUSH, ont consacré un basculement parlementaire au profit des démocrates. Par ailleurs l’administration américaine a développé une politique commerciale axée sur des accords bilatéraux (de même que le Japon) après l’échec provisoire (?) des négociations de l’OMC au titre du cycle de Doha.
Sur le plan des « arts et spectacles », l’année 2006 a été un bon cru (voir notre rubrique spécialisée). La fréquentation des cinémas a progressé de 6% avec 600 films pour 174 millions de spectateurs et une meilleure part de marché des productions françaises.
Le 5 janvier 2007
Bilan 2005 : un bon cru boursier, mais une « piquette » européenne
Après une année 2004 satisfaisante sur le plan boursier (CAC +8%), 2005 a été providentielle (+23%), sans parler de l’or (+18%) et du NIKKEI (+40%). Seul le DJ a été décevant (-1%), stagnation compensée seulement par la hausse du dollar (+13%). Par contre le baril de pétrole a « flambé » de 39 à 57 dollars (après avoir flirté en cours d’année avec les 70 $) soit une hausse combinée avec le change de plus de 65%.
Cette bonne évolution boursière reflète les résultats des entreprises, qui se sont fortement redressés, et la reprise des rapprochements : fusion et OPAs en France (PERNOD RICARD se renforçant grâce à ALLIED DOMECQ, CEGETEL+9TELECOM, STARWOOD reprenant TAITTINGER, GEMPLUS+AXALTO, VU+TPS), comme dans le monde.
Cependant la croissance française a plafonné à 1.5% (en se redressant miraculeusement en fin d’année), au lieu des 2% initialement annoncés et la dette cumule à 1170 Mds sans compter la charge future des retraites des fonctionnaires (plus de 900 Mds). La balance commerciale de la France se soldera en 2005 par un déficit de 30 Mds contre un solde positif de 150 Mds en Allemagne.
L’Eglise a changé de pape (Joseph RATZINGER devenu Benoît XVI), RENAULT de président (Carlos GHOSN), l’OMC de directeur général (Pascal LAMY), alors que le MEDEF a désormais une présidente (Laurence PARISOT) et l’Allemagne une chancelière (Angela MERKEL).
En France VILLEPIN a replacé RAFFARIN après l’échec d’un référendum inutile, sans qu’aucun plan B ne vienne secourir une léthargie communautaire que l’inefficacité inconséquente d’un BARROSO ne peut réveiller. Inutile d’espérer dans ce contexte et avant les élections de 2007 des reformes structurelles majeures : santé, retraites, fiscalité, recherche, fonction publique. Comme en fin 2004 on ne pourra que constater que : » le pays ne se donne pas les moyens de remonter rapidement la pente et se condamne à une médiocrité complaisante face à la puissance, sinon la force d’inertie des USA, mais surtout à la « force de frappe » émergente de la Chine et de l’Inde ».
Seule note positive pour 2006 : un certain frémissement macro-économique de reprise dont l’Europe et la France pourraient bénéficier(on évoque désormais une croissance 1.8 à 2%).
23 décembre 2005
Bilan 2004
L’année 2004 a été sur le plan économique plutôt un bon cru, avec une croissance de 2.1 % en France malgré un 3ème trimestre décevant tant au niveau de la consommation que de l’investissement. L’inflation a été maîtrisée à 2.1% malgré une hausse du pétrole ayant dépassé ponctuellement le 50 $ pour un baril et un euro à 1.35$ en fin d’année. La Bourse a également progressé avec un CAC passant de 3529 à fin 2003, à 3823 au 24 décembre 2004, soit +8% sur un an.
Au niveau européen les chiffres sont à l’image de la tendance française avec un PIB en hausse de plus de 1.8% et des indices boursiers à +7.5%.
Cette situation avantageuse a été facilitée par un contexte financier favorable avec des intérêts courts autour de 2% et un taux à 10 ans à moins de 4%, soit un taux réel à moins de 2%.
Cependant, sur le fond l’évolution en Europe et plus particulièrement en France est plus préoccupante : avec un taux de chômage de près de 10%, un déficit global des dépenses publiques de plus de 4% en 2003 (et à peine en deçà en 2005, grâce au tour de passe-passe de la « soulte » d’EDF qui « plombera » pour de nombreuses années l’équilibre de la CNAV) et une dette de plus d’un milliard d’euros, le pays ne se donne pas les moyens de remonter rapidement la pente et se condamne à une médiocrité complaisante face à la puissance, sinon la force d’inertie, des USA (en dépit des erreurs économiques de l’administration BUSH) mais surtout à la « force de frappe » émergente de la Chine et de l’Inde.
Le handicap en France se mesure à sa moindre productivité (due moins aux 35 heures, devenues entre-temps une « scie » politique, qu’à la non « employabilité » des moins de 25 ans et des plus de 55 ans), et au retard dans la recherche, notamment privée, ce qui ôte progressivement l’avantage compétitif du pays aussi bien du côté de produits basiques (délocalisation) que des produits à forte valeur ajoutée (USA, Japon, Chine), et se traduit par un déclin du commerce extérieur en train de passer dans le rouge
A ces handicaps propres à la France mais que l’on retrouve à des niveaux variables dans toute l’Union, s’ajoute celui du vieillissement des populations compte tenu d’un taux de fécondité moyen de 1.4% ( contre 1.7 en UK, 1.9 en France et … 2.2 en Turquie). Ceci impliquera rapidement une refonte de la politique d’immigration sur le modèle sélectif (et à points) pratiqué notamment par l’Australie.
La situation obligera donc rapidement les pays de l’Union (et la France) à mettre en chantier des réformes drastiques et souvent impopulaires : politique des retraites, dépenses sociales et de maladie, investissement dans la recherche et dans les études supérieures, remise en cause des missions de l’Etat, statut des fonctionnaires, statut des métiers réglementés, simplification et harmonisation de la fiscalité. Et seul un pouvoir fort au niveau européen permettra, éventuellement, un tel effort de modernisation de nos structures.
Ce pouvoir a bénéficié en 2004 de divers petits coups de pouce : élargissement de l’Europe à un périmètre de 455 millions d’habitants (malgré l’intégration de Chypre en dépit du maintien de sa division), renforcement du Parlement européen face à la première Commission BARROSO, approbation de la Constitution par le Conseil, référendum approuvant celle-ci en France au sein du parti socialiste, mise en œuvre de la CPI et des accords de Kyoto, mise en route du projet GALILEO, sans parler des progrès des accords militaires au sein de l’Union. Mais tout reste à faire sur le plan politique et des instances de gouvernement futures.
Sur le plan international, le chaos en Irak et la permanence du problème en Israël et Palestine ne permet pas d’être optimiste à court terme et seule une issue politique internationale, qui engloberait également les problèmes militaires, mais forcément aussi les problèmes pétroliers du Moyen Orient, permettrait de sortir durablement de l’ornière. Mais, qui la veut et qui est capable d’obtenir un consensus multilatéral sur la question?
Le 28 décembre 2004