BILAN 2022 : la tectonique du chaos

A la suite de 2021, année de rebond après le long tunnel du Covid, 2022 a débuté par une hausse des prix des matières et du fret, pour sombrer dans le chaos le 24 février avec le début de « l’opération spéciale » en Ukraine. Annoncée par Poutine dans un salmigondis victimaire à prétention historico-culturelle, cachant difficilement une ambition impériale et coloniale, sous forme d’un récit auto-bricolé à base de pan-slavisme et soviétisme, cette invasion du pays devait déclencher une tectonique mortifère en Europe et dans le monde, mettant fin à la reprise amorcée en 2021.

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La France avait en effet connu en 2021 une croissance exceptionnelle de 7% (contre 5,2% dans l’UE) portant son PIB à 2500 Mds € et permettant une reprise historique du travail avec un chômage réduit à 7,4% norme BIT soit 2,2M. Cette performance a certes été facilitée par des aides massives aux entreprises, mais elle reflétait, en l’amplifiant, une tendance générale en Europe de retour à meilleure fortune.

En 2022 la guerre en Ukraine a cassé cette dynamique ne permettant plus qu’une croissance réduite à près de 3% Mds€ (contre 3,2% dans l’UE) sans affecter le chômage maintenu à 7% soit 2M de sans emploi. En revanche, la balance commerciale a continué de se dégrader à près de 120 Mds, malgré une légère amélioration au dernier trimestre. Enfin la hausse des prix entamée dès 2021 pour cause de reprise dans un contexte logistique mis à mal par le Covid, a été fortement accélérée par la guerre avec 6,2% contre plus de 11% dans l’UE. Ce différentiel positif pour la France est dû en partie aux aides aux particuliers, notamment sur les énergies.

L’année 2022 a aussi été marquée par les élections en avril et juin, reconduisant le Président sans lui donner la majorité absolue aux législatives avec un bond du RN obtenant 89 sièges, devant LFI avec 72 sièges et LR avec 61 sièges, face aux 245 représentants de Ensemble! (regroupant 170 pour Renaissance ex LRM , 46 pour le Modem, 26 pour Horizons ainsi que 3 radicaux). Le débat électoral, limité par la guerre en Ukraine, avait été dominé par le pouvoir d’achat, porté principalement par les extrêmes, LFI et RN. Cette perte de majorité absolue n’a pas empêché l’adoption d’un nombre appréciables de lois (chômage, facilitation des énergies non fossiles, budget 2023 et financement de la sécurité sociale, ces deux dernières au prix d’un usage à répétition du 49.3).

Le défi immédiat à venir reste la réforme des retraites qui bute sur le report de l’âge de départ (ex âge pivot de Edouard PHILIPPE) à 65 ou 64 ans. Il est difficile de comprendre une telle obstination alors que, comme nous l’avons écrit dans un article précédent, les années de cotisation (43 ans à venir) devraient constituer le seul paramètre. Subsistent néanmoins un certain nombre de thématiques à aborder et à résoudre telles que la pénibilité, la qualité de travail par rapport à certaines méthodes de management, l’emploi des séniors, les pensions minimales, les carrières incomplètes, les régimes spéciaux. Enfin on peut estimer que la communication sur la réforme a été hésitante et maladroite, laissant croire à d’autre finalités possibles que la seule recherche de l’équilibre du régime. Quelle que soit l’ampleur de la réforme, il n’en reste pas moins que notre système est particulièrement généreux pour les retraités puisqu’il représente 14% du PIB contre 12% dans l’UE, sans compter que le revenu moyen des retraités est légèrement supérieur à celui des salariés.

Outre les retraites qui représentent un enjeu de près de 350 Mds, le pays doit faire face à divers défis sur la santé et l’éducation, dont les salariés sont notoirement sous-payés par rapport à leurs homologues européen, et sur la justice dont les effectifs sont insuffisants par rapport au stock d’affaires en suspens et par rapport aux autres pays de l’Union. A cela s’ajoute l’adaptation au changement climatique (soit 500 Mds pour la seule rénovation des bâtiments publics), la mise à niveau des centrales anciennes pour 50 Mds et la construction de 6 ou 8 réacteurs à plus de 6 Mds l’unité, la remise à niveau des infrastructures de transport et de mobilité (évaluée entre 50 et 85 Mds entre 2023 et 2027), l’ajustement de l’investissement militaire face à la situation géopolitique, soit 413 Mds sur la période 2024 à 2030. Le tout face à un mur de dettes actuel de près de 3.000 Mds.

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L’Europe a connu un renforcement certain et surprenant de sa solidarité depuis la concertation sur les vaccins, en passant par le plan d’aide de 750 Mds, l’adoption de l’impôt minimal de 15% étendu à l’OCDE, la pression sur la Pologne et la Hongrie pour leur faire respecter les règles de droit communes. Ainsi paradoxalement et notamment par rapport aux spéculations de la Russie de Poutine, le consensus sur les réponses à la guerre, tant sur le plan des sanctions, des décisions sur le pétrole et le gaz, et sur le soutien militaire, a constitué une heureuse surprise pour une Union de 27 pays (avec une population de 447 M et un PIB de 17.000 Mds€), marquant sa cohésion face à l’allié américain (pop 333 M pib 22.000 Mds$), dont l’ascendant est favorisé par la guerre, tant au sein le de l’OCDE et plus encore de l’OTAN. Cette cohésion sera prochainement renforcée par l’entrée dans l’OTAN de la Suède et de la Finlande, deux pays de l’Union, malgré la résistance de la Turquie dont le rôle ambigu dans le conflit ne cesse d’irriter l’UE.

Dans cet ensemble la Pologne, la République Tchèque et les trois pays baltes jouent une partition particulièrement volontariste, forts de leur expérience historique de la mainmise russe, notamment pendant la parenthèse soviétique de 1945 à 1990, mais pas seulement. Il est intéressant de constater que les républiques asiatiques membres de la CEI marquent leur indépendance par un rôle de simple figuration quand ce n’est pas un certain rapprochement avec la Chine.

Notre voisin allemand subit une remise en cause dramatique de son modèle économique reposant sur une énergie bon marché basée sur le gaz russe et sur des exportations en Chine en recul. Cette stratégie, défendue maladroitement pendant des années par la chancelière Merkel et ayant permis le développement de la chimie (jusqu’à pousser BAYER à absorber MONSANTO !) et de l’industrie automobile, a été d’autant plus fragilisée par l’abandon du nucléaire. Face au contexte le pays a mis sur la table 200 Mds pour soutenir son industrie sans avertir ses partenaires. De même l’Allemagne a décidé d’investir dans ses armées 100 Mds pour essayer de porter le budget militaire de 1,4 à 2% du PIB et mettre en état de marche des équipements partiellement inutilisables et des effectifs peu adaptés aux enjeux actuels. Des différences d’appréciation et de capacité d’action au sein du « couple » franco-allemand ont ainsi pu apparaître, mais devront forcément être réduites si l’on veut que ce « moteur » qui représente plus d’un tiers du PIB européen puisse amener l’Union à un niveau de puissance, de souveraineté et d’indépendance au niveau mondial.

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Les USA ont surmonté la crise du Covid avec une croissance de plus de 3% et un chômage réduit à moins de 3,5%, mais au prix d’une inflation de plus de 8%. Les élections de mid-term ont permis de renforcer la majorité présidentielle du Sénat avec 2 sièges alors qu’à la Chambre les républicains n’ont que 4 sièges d’avance, au grand dam des espérances et prétentions de Trump. Biden s’est donné les moyens d’une politique écologiste mais aussi protectionniste (Inflation Reduction Act) avec un plan de 1200 Mds$ venant après un total de 1900 Mds$ de plans de relance antérieurs. Dans le contexte de guerre en Europe et dans la perspective de la rivalité économique et stratégique avec la Chine, le budget de la défense a été porté à 850 Mds permettant une aide massive à l’Ukraine. La dette souveraine du pays de 110% du PIB reste une préoccupation d’autant plus qu’elle est couplée avec une dette privée colossale de même niveau.

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La Russie (pop 144 M et pib 1700 Mds$, soit à peine plus que l’Espagne) paie son aventure en Ukraine au prix fort avec un recul de son PIB de 12%, la destruction d’une partie importante de son potentiel militaire, déjà limité par un budget de 70 Mds$ (à comparer avec les quelques 250 Mds€ de l’UE sur la base minimale de 1,5% de PIB, devant être rapidement porté à 2% soit 340 Mds€, auquel il faut ajouter les dépenses du Royaume Uni soit 50 Mds – pour rappel cet effort s’élevait à 3% durant la guerre froide). A l’issue du conflit le pays devra faire face à ses démons et à sa gouvernance, mais plus matériellement à ses responsabilités sur les réparations estimées en septembre 2022 à plus de 750 Mds$, aux sanctions supplémentaires à venir, et enfin aux sanctions pénales pour crimes de guerre. Enfin le pays devra faire le deuil de ses capacités d’exportations d’énergies en Europe, partiellement compensées par l’Inde et la Chine. Ce régime kleptocratique, pratiquant empoisonnements et assassinats de ses opposants, sans compter l’épidémie récente de suicides parmi ses « oligarques », est souvent qualifié de pouvoir mafieux. Sauf à se remettre fondamentalement en cause, on voit mal comment ce pays et nos démocraties occidentales et « décadentes », pourraient après la guerre renouer des relations économiques et diplomatiques normalisées.

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La Chine a connu une année difficile engluée dans une obstination idéologique à maintenir une politique de Covid Zéro qui a fait reculer sa croissance de 6% à 3% mettant aussi en question le régime qui a dû abandonner sa doxa, du jour au lendemain, en décembre. Le pays fait face aussi à un problème démographique avec un premier recul de sa population bientôt devancée par celle de l’Inde, mais surtout par le vieillissement de celle-ci, avec un coût des retraites, une absence de système de sécurité sociale et un coût de l’éducation, difficilement supportables par la population sans croissance solide. La faillite du secteur immobilier, bénéficiant de la collecte de l’épargne, met à mal aussi bien les classes moyennes que les équilibres macro-économiques. Sur le plan international les routes de la soie connaissent un succès mitigé et les prêts accordés aux pays en développement de la « chaîne de perles » pourraient se révéler toxiques. Enfin Taïwan (l’Ukraine de la Chine) reste un mistigri éternel pour le nationalisme chinois, mais constitue également un énorme risque régional par rapport à l’enjeu.

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Alors que peut-on dire ou espérer pour 2023 ? On peut d’abord constater que les démocraties résistent bien face aux difficultés, alors que 70% de la population mondiale vit sous des régimes autoritaires, sinon dictatoriaux : les occidentaux certes vieillissent mais ne sombrent pas selon les pronostics de Xi et Poutine. La guerre en Ukraine devrait favoriser une accélération de l’abandon des énergies fossiles et elle rebat les cartes stratégiques, tactiques et militaires. Le monde change et il est difficile d’en prévoir les nouveaux contours. L’Ukraine démontre les avantages de l’imagination, de la souplesse et de l’adaptation aux événements, aussi dramatiques soient-ils. Espérons être aussi efficaces sur le climat, sur un développement respectant la planète et sur la réduction des inégalités entre nations comme au sein de celles-ci. En paraphrasant Obama, il est possible d’affirmer : yes we can ! … à condition de le vouloir.

Janvier 2023

Retraites : une réforme dans la durée ?

Dans le cadre des protections sociales sacralisées après-guerre, la Sécurité Sociale reste un pilier majeur ancré dans l’esprit des citoyens, toutes catégories sociales confondues.

Ceci concerne d’abord et à court terme et dans la vie de tous les jours, la Maladie, dont les hôpitaux, les services d’urgence, la médecine de ville, et les médicaments sont les outils principaux et qui ont été tant sollicités lors de la pandémie de Covid. Ce poste qui représente plus de 170 Mds est soumis depuis des années à une érosion de ses moyens, sans compter les déserts médicaux de la médecine libérale. On ne compte plus les études et propositions partielles qui ont été avancées et même appliquées, sans qu’une remise à plat concertée de l’ensemble du dispositif n’ait été entreprise. Entretemps le système continue de fonctionner cahin-caha, car il est soumis au jour le jour à l’obligation même de fonctionner. Tout reste donc à faire, mais les solutions existent et elles sont plus d’ordre pratique et technique qu’idéologique.

Il en va tout autrement des Retraites, qui représentent un enjeu de 330 Mds avec les complémentaires, soit près de 14% du PIB, dont 120 Mds pour la Sécurité Sociale, et qui concernent d’une part et au jour le jour les bénéficiaires retraités au niveau de leurs pensions et donc leur pouvoir d’achat, et d’autre part l’ensemble du reste de la population au niveau de leurs attentes et par rapport à leur horizon de vie. C’est en cela que le sujet devient plus politique sinon idéologique.

Le gouvernement, au début du précédent mandat présidentiel, avait tenté de modifier structurellement le système en proposant avec courage une organisation « à points » sur le modèle suédois, tout en fusionnant les 42 régimes de retraites en un seul. Cependant, après un début prometteur, la réforme a été progressivement mise en pièces, par l’impréparation manifeste, sinon plus, du « Haut Commissaire aux Retraites » (impliqué par ailleurs dans des activités parallèles non déclarées), par les coups de boutoirs de certains régimes spéciaux, par les avocats et leur caisse autonome, et enfin et surtout par la volonté malvenue de vouloir imposer en cours de réforme un « âge pivot » de 64 ans, La pandémie de 2020 a permis de mettre officiellement la réforme au placard.

Mais voilà qu’au cours même de la campagne du second tour de 2022, le Président a annoncé la reprise de la réforme de retraites et évoqué un âge de 65 ans pour l’ouverture des droits à taux plein. Cet âge a toujours constitué un « marronnier » de la vie politique en France et un chiffon rouge pour les syndicats et désormais pour l’ensemble des salariés. Alors pourquoi s’obstiner ?

Le droit à la retraite au taux plein en France est conditionné par l’âge d’ouverture des droits ET par la durée de cotisations désormais fixée a 43 ans par la réforme Touraine de 2014. Il faut supprimer la notion d’âge d’ouverture des droits !

Une retraite basée sur la seule durée de cotisations  :

  • Est plus juste car elle s’applique à tous, avec logique, car fonctionnant sur les principes de toute assurance,
  • Elle résout automatiquement le problème de carrières longues en permettant à un salarié ayant commencé de travailler à 16 ans de prendre sa retraite 59 ans,
  • Elle résout accessoirement le problèmes de la pénibilité car celle-ci concerne principalement les carrières longues,
  • Elle rend politiquement plus acceptable l’intégration dans le système des divers régimes plus ou moins spéciaux sinon spécieux,
  • Elle facilite la résolution de l’équation financière en modifiant la durée de cotisation pour tous de façon plus acceptable.

Alors pourquoi hésiter, pourquoi s’accrocher à de vieilles lunes au risque de diviser et d’indisposer tout le monde, pourquoi ne pas avoir le courage de proposer une réforme de « bon sens » (terme à la mode) qui facilitera d’autant plus le passage, dans un deuxième temps, vers un futur système à points (que les suédois ont cependant mis plus de 10 ans à mettre en œuvre) ? Pourquoi donner prise aux idéologies et aux radicalismes ?

Le 25 avril 2022

2022, année périlleuse

Les bruits de bottes à l’est deviennent inquiétants.
D’autres balles sont en l’air en France et dans le monde.

Comme tous les ans donc, retrouvez le Bilan de l’année, 2021, sous l’onglet Bilans

La rubrique des Spectacles a également été mise à jour.
Ont été ajoutées sous l’onglet Arts les lectures récentes et passées.

COVID 19 : point au 10 mai 2020

Il est intéressent d’analyser la mortalité due au COVID dans les principaux pays concernés au 10 mai 2019.

Si les 9 pays d’Europe de l’échantillon représentent la moitié du total mondial des décès, les USA ont le chiffre le plus élevé dans le monde avec 80.000 victimes.
L’Italie et le Royaume Uni (ce dernier avec 2 semaines de retard sur la première), dépassent les 30.000 cas.
Pondérés par la population, la Belgique est tragiquement en tête de la liste avec 76 décès par 100.000 habitants, suivie par l’Espagne, l’Italie et le Royaume Uni autour de 50.
Avec plus de 30, la Suède et les Pays Bas ne sont pas mieux placés que la France avec 36, malgré leur réputation de discipline efficace, soit en deçà de la moyenne européenne de 38
Mais si l’on tient compte de la densité des différents pays, la Suède et les USA explosent avec des coefficients respectifs de 13.5 et 7.2 suivis de l’Espagne avec 6.1.
Dans tous les cas de figure l’Allemagne reste à ce stade le bon élève et de nombreux articles de presse ont tenté d’expliquer une telle performance (PIB par tête 20% plus élevé qu’en France, fédéralisme, prévention, priorité donnée aux des généralistes, etc..).

COVID19  maiK décèsPopu millionsM=K/P cent milleDensité km²coeff M/D
Italie30,061,0492002,5
Espagne27,048,056926,1
Belgique8,711,5763792,0
France26,067,0391193,3
Royaume uni31,066,0472781,7
Suisse1,88,5212091,0
Pays Bas5,416,4334120,8
Suède3,210,3312313,5
Allemagne8,083,0102340,4
st 9 pays Eur141,1371,738NDND
USA80,0327,024347,2
MONDE28075004NDND
chiffres au 10 mai 2020


Le 13 mai 2020

Pandémie, entre raison et sentiments

Sans vouloir parodier Jane AUSTEN, nous sommes tous stupéfaits par un évènement mondial qui bouleverse nos vies et nos économies. A ce jour de mi-avril 2020, le COVID19 a provoqué le confinement de plus de la moitié d’une population mondiale de 7 Mds, a touché plus de 2 Mds de personnes et a provoqué plus de 130.000 décès, dont plus de 15.000 en France. Après les premiers cas constatés en Chine à Wuhan le 17 novembre 2019, la pandémie a surpris tous les pays par sa capacité et vitesse de propagation, son taux de mortalité, et surtout les nombreuses inconnues de ses caractéristiques biologiques qui ont laissé les spécialistes relativement désarmés.

L’origine de l’épidémie serait due à une consommation exotique d’animaux non domestiques (pangola ?), ce qui témoigne de l’obstination archaïque de la population chinoise, même éduquée, à rechercher dans la nature des ingrédients de médecine traditionnelle (quand il ne s’agit pas de substituts à usages sexuels), aux dépens des requins, tigres, rhinocéros et autres animaux en danger d’extinction. Il est à noter par ailleurs que les premiers foyers importants après la Chine ont été causés par des réunions d’évangélistes en Corée et à Mulhouse, ce qui présage d’une possible hécatombe aux USA et au Brésil où ces « églises » sont puissantes. Ce qui confirme que ni l’idéologie ni la religion peuvent n’arrivent à privilégier la raison. Enfin la Russie, l’Iran, le Moyen Orient, mais surtout l’Inde et L’Afrique restent des zones peu transparentes et/ou mal inventoriées, vulnérables et sont des foyers possibles d’une propagation catastrophique compte tenu de la faiblesse de leurs structures médicales.

Le coût social et économique de cette pandémie sera phénoménal, supérieur à celui de la grippe espagnole de 1918 dont l’impact a été noyé dans celui de la Première Guerre, et plus comparable selon les spécialistes à celui de 1929, qui avait débuté par une crise financière. Si la règle des 3 points de PIB par mois de confinement a un sens, c’est donc plus de 9 points de perte de PIB que l’on devrait constater, compte tenu de la période de précaution avant le confinement, d’un confinement de  2 mois ou plus, et d’une sortie de confinement dont les modalités restent une inconnue pour le moment et pour tous.

Sans être d’origine financière, la crise survient après une décennie de convalescence post 2008 et lors d’un boom des indices boursiers après une croissance ininterrompue du DJ à NY depuis le 1er avril 2009, année du début des deux mandats de OBAMA (et non depuis 2017, n’en déplaise à son « brillant » successeur), passant de 7.063 points à un sommet de 28.256 points le 31 janvier 2020. On attendait un éclatement de la bulle, le coronavirus l’a fait.

Des voix se sont rapidement élevées pour mettre en cause un confinement qui osait gâcher la fête, notamment dans les pays les plus libéraux, USA et Royaume Uni, avant de revenir à plus de raison, mais l’expérience continue en Suède et aux Pays Bas, jusqu’à preuve du contraire. En effet bien que l’on soit très loin d’une « grippette », les chiffres des victimes sont comparables, en France par exemple, au bilan de la canicule de 2003 (15.000 morts) ou  à certaines années de grippe classique. Certains économistes ont ainsi fait le calcul du coût humain de la pandémie, sur la base d’une valorisation mathématique de la vie (méthode VVS ou valeur d’une vie statistique) estimée à 5 M€ en Europe et 10 M$ aux USA (mais combien en Afrique, Inde, Amérique du Sud ?). Sur de telles bases, pour une valeur « talon » de 1 M$ (sans tenir compte de « l’escompte » d’une espérance de vie résiduelle selon l’âge), les 130.000 décès représenteraient « seulement » une perte de 130 Mds. A comparer avec une perte de PIB mondial (qui s’élève à 86.000 Mds $) de 4.300 Mds sur la base d’un recul de 5% seulement.

Mais ces calculs, outre le fait d’être éthiquement totalement inacceptables, ne peuvent justifier une dialectique entre RAISON et SENTIMENTS, le sentiment de populations anéanties par la perte de leurs proches, angoissées par leur propre sort, inquiets sur leur avenir social et économique. Le sentiment, forcément immédiat sinon à court terme, est aussi celui des hommes politiques dont la carrière dépendra forcément du « sentiment » de leurs électeurs. En somme l’adage selon lequel « the show must go on » semble indécent et ne peut passer tel quel.

Alors quel constat ou quelles conclusions peut-on tirer de cet événement exceptionnel ? D’abord qu’il risque d’être de moins en moins exceptionnel. Qu’il met  à mal nos sociétés et leurs organisations, notre système sanitaire et la valorisation de nos fonctions essentielles : si l’on ne peut remplacer nos médecins, nos infirmier(e)s et hospitaliers, nos forces de l’ordre, nos vendeuses et nos éboueurs par des robots, c’est que la valeur de leur travail vaut plus que ce qu’on lui accorde.

L’autre constat est celui du principe de précaution ou plus généralement de gestion du risque. Toute société devrait en permanence valoriser tous ses risques et les mettre au passif de son bilan, en en amortissant l’éventualité statistique en diminution de ses résultats. Combien le font ? La ville de Paris met tous les ans à jour son plan prévention des crues depuis celle de 1910. Le calcul VVS  pour la France (voir plus haut, sur la base européenne de 5 M€) s’élève à 75 Mds,  ce qui représente 27% de 280 Mds du coût de la santé en France et 31% d’une perte de 10% du PIB de 2400 Mds du pays. Enorme ? A comparer avec le programme d’aide de 2200 Mds aux USA, 750 Mds pour la BCE, 540 Mds pour l’UE, sans compter les plans nationaux des pays d’Europe.

La pandémie affole car elle semble exceptionnelle. Mais il convient de rappeler qu’en France 2200 personnes meurent chaque année des accidents de la route ( 8000 en 1980), et c’est sur la base de calculs VVS que la vitesse sur les routes secondaires a été réduite de 90 à 80 kmh. De même 45.000 personnes meurent chaque année de la pollution, 50.000 d’alcoolisme et 75.000 du tabac, sans que personne s’émeuve. Un virus nouveau chaque année (comme le beaujolais) qui tuerait, disons 30.000 personnes, deviendrait-il une fatalité acceptable ou même médicalement rentable ? Comme la voiture, le glyphosate, l’alcool ou la cigarette.

Mais le principe de précaution ou plus généralement de gestion du risque, ne s’applique pas aux seules épidémies (SIDA, SRAS, H1N1, COVID et autres), car bien que exclues des polices d’assurance, les pandémies ont un caractère relativement récurent.

Le changement climatique et la perte de la biodiversité ont des échéances plus lointaines, qui dépassent les échéance électorales, celles des vies de nos hommes politiques, les nôtres même. Il est difficile d’imaginer des terres définitivement arides (un tiers des terres d’Espagne est déjà considéré comme aride), des océans morts, des fleuves taris, un air irrespirable et une humanité réduite à jouer les Mad Max. Actuellement cela ne se manifeste que par des catastrophes dites « naturelles » et à répétition : tsunamis, inondations, tornades, cyclones, incendies (en Russie, Amazonie, Australie, Californie).

Pourtant le risque climatique existe. Les calculs aussi : dès 2006 le rapport STERN alertait sur le coût de l’inaction climatique qui pourrait dépasser 5% du PIB mondial et jusqu’à 20% en y intégrant les pertes humaines et l’adaptation de toutes les sociétés y compris les plus démunies, au regard d’un coût prévention de 1% du PIB entre 2005 et 2020. Déjà trop tard.

Alors si notre pandémie de 2020 pouvait nous rendre la raison sur le climat de 2050 ce serait déjà cela de gagné. Sans compter les changements sociaux, économiques, et financiers nécessaires pour assurer à la planète une espérance de survie en bon état.

15 avril 2020

Coronavirus : un « virus étranger » ( Trump) ?

Ou plutôt un signe d’inculture.
Se souvenir que la grippe de 1918 qui a fait plus de 50 M de morts, n’avait d’espagnol que le nom (grâce – déjà – à la censure alliée) et était originaire de Boston USA.

PS du 16 avril : TRUMP suspend la contribution US à l’OMS sous prétexte de complaisance chinoise, en fait pour dédouaner sa propre incohérence dans la gestion fédérale de l’épidémie (élections obligent).

Retraites & Co (mplications)

S’il est un « marronnier » de la politique en France, au-delà de la fiscalité et des niches (fiscales et sociales), c’est bien la refonte du système des retraites. Normal, c’est une question à 330 Mds, versés annuellement aux pensionnés soit 13.7% du PIB.

La difficulté réside dans la gestion de ces montants assujettis à 42 régimes, dont 11 véritablement « spéciaux » ( dont SNCF et RATP, mais aussi le secteur énergie IEG, les militaires, policiers, marins, BDF, Opéra, etc..), qu’il s’agissait d’unifier en un régime unique avec cependant de possibles variantes professionnelles.

La réforme des retraites en un système universel à points avait été mis au programme du candidat MACRON dès 2016. Le projet de loi après les élections avait été retardé par des réformes plus urgentes, moins complexes et surtout par la nécessaire négociation avec les parties prenantes. Rappelons qu’en Suède la réforme avait pris plus de 10 ans et fait encore l’objet de discussions, contestations et ajustements. Un Commissaire du Gouvernement avait été nommé qui a mené des tractations pendant 2 ans sans faire le nécessaire travail de pédagogie  et de rapports d’étapes publics. Pire, nommé ministre pour la mise en délibération parlementaire, il a du se démettre s’étant pris les pieds dans le tapis d’activités parallèles non déclarées.

Il convient de rappeler au préalable que les retraites complémentaires, qui avaient été mises en place dès 1947 avec le soutien sinon à l’initiative de la CGT, sont soumises au système à points à la satisfaction de tous.

Rapidement la contestation est née sur la base du refus absolu des syndicats CGT, SUD et FO opposés à la mise en place de la réforme à la SNCF et la RATP qui restent leurs bastions. S’y sont joints pour des raisons différentes sinon diverses, les professeurs, les hospitaliers, les avocats, et les danseurs de l’Opéra.

,Mais l’opposition est également venue de la CFDT, initialement favorable au système à points devant la volonté de l’exécutif d’introduire à ce stade la question du financement avec l’âge pivot. De même la CGC s’est élevée contre la dernière tranche de cotisation réduite à 120.000 euros par an, privant le système des cotisations des revenus élevés (et prêtant ainsi le flanc à une ouverture accrue de la retraite par capitalisation, (voir la controverse à propos de BlackRock). Le rétablissement des clauses de pénibilité pour compenser les différences d’espérance de vie en bon état est aussi venu faire débat, malgré la difficulté d’en définir des règles simples à appliquer par métiers ou par fonction.

Enfin d’autres ont évolué, comme PIKETTY initialement favorable au système à points, qui a préféré pour des raisons de justice sociale, se tourner vers un système en « prestations définies » monétairement, plus « vendables », avec un taux de remplacement par tranches décroissantes de 85% pour les bas revenus à 50% pour les plus élevés.

Mais revenons à l’âge pivot, pierre d’achoppement avec la CFDT, seul syndicat véritablement favorable au système à points. La critique sur ce point est soutenue à deux niveaux, celui de la finance et celui de la justice.

D’abord il est maladroit de mélanger réforme systémique (points) et paramétrique (équilibres) : on ne court pas deux lièvres à la fois (Laurent BERGER). Aussi l’urgence n’est pas telle qu’il faille en polluer les discussions dès maintenant alors que le COR ne prévoit depuis peu un peak des déficits que pour 2027. Le déficit avancé par le COR pour 2023 n’est que de 5 Mds, modéré par rapports aux concessions aux contestataires jaunes de près de 15 Mds. De plus des amortisseurs ponctuels existent : les 140 Mds des réserves des complémentaires AGIRC et ARRCO et les 36 Mds du FRR (Fonds de réserve des retraites), sans compter les rentrées, sans compter les rentrées de la CADES à partir de 2025, soit 18 Mds par an. Enfin les prévisions du COR ont tellement varié dans le passé qu’ils peuvent varier dans l’avenir et dans les deux sens.

Mais le plus contestable est le principe même de l’âge pivot. Que la retraite à taux plein soit à 62 ou 64 ans, cela ne définit aucunement une carrière complète permettant l’ouverture des droits. La carrière complète ne peut être définie que par la durée de cotisation. Sur la dernière base des 172 trimestres, soit 43 ans, pourquoi un jeune ayant commencé de travailler à 15 ans devrait-il s’arrêter à 62 ou 64 ans alors qu’il aurait rempli son contrat de cotisations à 58 ans. De quel droit un diplômé devenu actif à 25 ans ou plus pourrait-il s’arrêter à 64 ans alors qu’il n’aurait cotisé que pendant 39 ans !

En conséquence et sur ce principe, s’il fallait équilibrer  le système de retraites seul l’ajustement futur de la durée de cotisation devrait être pris en compte dans un souci de justice.

Enfin si l’on veut rendre les syndicats plus représentatifs et moins radicaux, il convient d’en rendre l’adhésion obligatoire pour tout salarié avec cotisation définie et abondée par les pouvoirs publics et de mettre fin au financement des organisations syndicales.

10 janvier 2020

Le Bilan 2019 est arrivé

Vous pouvez le retrouver sous l’onglet Bilans de la page d’accueil.
Son sous-titre résume le passage du jaune (gilets) au rouge (CGT) at attendant la nécessaire conversion au vert pour combattre le changement climatique.


G6, G20, Davos

Le G6 a été créé en 1975 à l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing, avec la complicité de son ami Helmut Schmidt, pour réunir de façon informelle les dirigeants des plus grands pays occidentaux, afin de discuter des grands sujets principalement économiques du moment. Etendu au format G7 en 1976 pour y intégrer le Canada, puis au G8 en 1997 en invitant la Russie, exclue en 2014 après l’invasion de la Crimée.

La création du G20 en 1999 répondait aux critiques du G7 considéré comme trop exclusif et permettait de réunir les chefs d’états des 20 pays représentant 90% du PIB mondial.

Le Forum de Davos initié en 1971 en invitant 444 chefs de grandes entreprises mondiales , s’est élargi avec la venue de chefs d’états ou de gouvernements, de ministres et d’hommes politiques de tous horizons.

L’utilité de ces « sommets » , agissants en parallèle à des organisations permanentes telles que l’ONU, l’OCDE et le GIEC notamment, a souvent été contestée et leurs résultats effectifs critiqués. Ces critiques ont été matérialisés par des contre-sommets altermondialistes regroupant des ONG variées tels que ATTAC existant depuis 1998 ou OXFAM fondée en 1942. Ces contre-sommets ont progressivement été pollués par des mouvements extrémistes et violents.

Reste que parler est utile, se parler est primordial, mais écouter reste la base de tout progrès.

Le 21 aout 2019

Européennes 2019 (par rapport à 2014)

Participation 50% (42%)

RN   23.3% et 23 sièges (FN 24.9% et 24 sièges)
LRM 22.4% et 23
EELV 13.5% et 13 (8.9 et 6)
LR     8.5% et 8 (UMP 20.8% et 20)
LFI    6.3% et 6 (FdG 6.6 et 4)
PS     6.2 et 6 (14% et 13)

La participation augmente de 8 points
Le RN(FN) reste en tête mais perd 1.6% et 1 siège
LRM bien qu’arrivés seconds envoient autant de députés à Bruxelles que le RN et, inexistants en 2014,  font 1.6% et 2 députés de mieux que l’UMP arrivée également seconde en 2014
Les verts arrivent en 3ème position et gagnent 4.6% et 6 sièges
Les LR(UMP) avec 8.5% contre 13% attendus, perdent 12.3% et 12 sièges
Le PS perd 7.8% et 8 députés
La gauche extrême  stagne autour de 6% contre 11% attendus
Hamon et Dupont Aignan (3.3 et 3.5%) n’atteignent pas 5% et n’ont pas de députés
L’UDI et les communistes sont inexistants avec 2.5% chacun
Les trois listes jaunes n’atteignent pas un total de 1%

Au niveau européen et sur 751 députés:
Le PPE (droite) avec 174 députés régresse de -43 sièges
Le S&D (gauche) régresse à 153 sièges soit -33
Le ELDD/EFD/ENL (extrême droite, dont RN précédemment non-inscits, Farage en GB, Salvini en Italie) progresse à 115 sièges soit +78, mais perdra 29 députés avec le Brexit et la sortie de l’Union de la GB
Le ADLE (centre, dont LREM) progresse à 106 sièges soit +38
L’ALE (verts) progresse à 78 sièges soit +26
Le CRE (conservateurs nationalistes dont PIS en Pologne et Fidesz en Hongrie) obtient 56 sièges
Le GUE/NGL (extrême gauche dont LFI, PCF et Syriza en Grèce) obtient 117 sièges

En conclusion :
l’extrême droite arrive en tête en France, Italie et UK
les partis traditionnels de droite et de gauche, s’effondrent en Allemagne mais surtout en Italie et France
le verts progressent fortement notamment en Allemagne et France
le centre progresse grâce à la bonne performance de LRM en France
les souverainistes obtiennent autour de 50% en Hongrie et Pologne où ils arrivent en tête